Dépenses du Canada en matière d’aide internationale : aperçus pour 2023-2024

Dépenses du Canada en matière d’aide internationale : aperçus pour 2023-2024

Le Rapport statistique sur l’aide internationale 2023-2024 d’Affaires mondiales Canada, ainsi que les données préliminaires du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE, offrent un nouvel aperçu du paysage de l’aide canadienne. Bien que les deux ensembles de données ne soient pas directement comparables en raison de leurs périodes de référence différentes, ils permettent ensemble de brosser un tableau plus complet des tendances de l’aide internationale du Canada, en s’appuyant sur les faits saillants des tendances de l’aide publiés par Coopération Canada et AidWatch Canada en janvier 2025. 

Le Canada a déclaré une aide internationale totale de 12,3 milliards de dollars en 2023-2024, dont 10,1 milliards de dollars sont admissibles à titre d’aide publique au développement (APD). Cela représente une baisse importante de près d’un quart de l’aide internationale canadienne par rapport à 2022-2023, mais reste nettement supérieure aux niveaux d’avant la pandémie, compte tenu de l’inflation. 
Les principaux ministères qui ont versé l’aide internationale du Canada sont les suivants : 

  • 6 milliards de dollars par Affaires mondiales Canada 
  • 2,6 milliards de dollars par Immigration, Réfugiées et Citoyenneté Canada 
  • 2,6 milliards de dollars par Département des finances du Canada (dont un prêt de 2 milliards de dollars à l’Ukraine, dont environ la moitié est admissible à l’APD) 
  • 650 millions de dollars ont été alloués pour capitaliser FinDev Canada 

Les dépenses au Canada atteignent 30 % de l’aide totale  

En 2023-2024, 30 % de l’aide internationale du Canada a été dépensée au pays, principalement pour l’aide aux personne réfugiées pendant leur première année au Canada, ainsi que pour les frais administratifs. Les coûts liés aux personnes réfugiées pris en charge par les pays donateurs ont augmenté de 20 % en un an et de 150 % par rapport à 2019-2020. Cette tendance à la hausse contraste avec celle des autres donateur-trice-s du CAD, dont beaucoup réduisent ce type de dépenses en 2024. 

L’APD dépensée au Canada dépasse désormais de 25 % le total de l’aide fournie à l’Afrique subsaharienne. Si ces dépenses intérieures sont autorisées par les règles de l’OCDE, elles réduisent la part des fonds qui parviennent aux pays à faible revenu et nuisent à l’objectif fondamental de l’APD, qui est de réduire la pauvreté et de lutter contre les inégalités dans les pays du Sud. 

Outre l’augmentation des dépenses nationales, une part importante de l’aide canadienne continue d’être destinée à l’Ukraine. En 2022-2023, l’Ukraine est devenue le plus grand bénéficiaire de l’APD canadienne de l’histoire et devrait continuer à représenter une part importante de l’aide internationale du Canada, compte tenu des efforts de reconstruction qui seront entrepris. 

Au total, les dépenses au Canada et l’aide à l’Ukraine ont représenté 45 % de l’APD totale du Canada en 2023-2024, ne laissant que 55 %, soit 5,6 milliards de dollars, pour tous les autres pays et priorités. À titre de comparaison, ce chiffre était de 76 % en 2019-2020. Les autres principaux pays bénéficiaires de l’aide internationale canadienne, loin derrière l’Ukraine, sont l’Éthiopie, Haïti, l’Afrique du Sud et le Bangladesh. 

Alors que les budgets d’aide diminuent à l’échelle mondiale, le détournement croissant de l’APD canadienne vers des priorités nationales sape l’efficacité des efforts de développement et d’aide humanitaire du Canada, qui sont essentiels pour s’attaquer aux causes profondes de l’insécurité et des déplacements de population. Il est vital de soutenir les personnes réfugiées au Canada, mais cela doit compléter, et non remplacer, les engagements du Canada envers les pays du Sud.  

Financement humanitaire 

Le Canada s’est toujours positionné comme un donateur humanitaire mondial de premier plan, jouant souvent un rôle de premier plan. En 2023-2024, il a fourni 803 millions de dollars en aide humanitaire. Dans son programme électoral, le Parti libéral s’est engagé à maintenir un minimum de 800 millions de dollars par an, réaffirmant ainsi son engagement à répondre aux crises mondiales. Toutefois, ce chiffre récent représente une forte baisse par rapport à 2022-2023, où il s’élevait à 1,265 milliard de dollars, et est le plus bas depuis 2015-2016 (698 millions de dollars, soit 892 millions de dollars en 2025), marquant ainsi un renversement de la tendance à l’augmentation de l’aide humanitaire.  

Baisse de l’APD parmi les pays donateurs 

Les données préliminaires de l’OCDE-CAD pour l’année civile 2024 montrent un changement notable dans le paysage mondial de l’aide, le total de l’APD des pays membres du CAD ayant diminué pour la première fois en six ans. Dans l’ensemble, l’APD mondiale, qui s’élève à 212,1 milliards de dollars, représente une baisse de 7,1 % en termes réels par rapport à 2023. 
Le Canada a contribué à hauteur de 0,34 % de son RNB (contre 0,33 % en moyenne pour les pays membres du CAD), se classant ainsi au 15e rang en termes relatifs. En termes absolus, il occupe toutefois la 7e place, ce qui correspond à son classement des dernières années. 
Pour une analyse plus approfondie des tendances de l’aide canadienne, veuillez consulter les points saillants du rapport Tendances de l’aide canadienne 2024 ou les notes d’information complètes, ainsi que le rapport Tendances de l’aide canadienne 2023 

 

 

Darron Seller-Peritz

Darron Seller-Peritz

Analyste politique et responsable de programme
Communiqué C7 2025

Communiqué C7 2025

Alors que le sommet 2025 du C7 touchait à sa fin, un message s’est imposé avec une clarté indubitable : le monde est à un moment tournant et le G7 ne peut pas se permettre de rester immobile.
Des décennies de coopération internationale ont apporté progrès et prospérité, mais l’isolationnisme croissant, l’escalade des conflits, l’urgence climatique et l’aggravation des inégalités menacent de réduire à néant ces progrès durement acquis. Ces crises convergentes créent un monde plus instable, un monde qui met tout le monde en danger, y compris les pays du G7.

Le communiqué du Civil 7, approuvé par des partenaires de la société civile du monde entier, appelle les dirigeant-e-s du G7 à reconnaître qu’il ne peut y avoir de sécurité ni de progrès économique juste sans coopération mondiale.

Les personnes doivent être au cœur de chaque décision politique, leur dignité, leur sécurité et leur avenir. Le G7 n’est pas seulement un forum de dialogue ; il doit être un moteur d’action significative et un champion de la solidarité mondiale.

Nous exhortons les dirigeant-e-s du G7 à s’engager sérieusement à suivre les recommandations du C7 et à construire un monde plus juste, plus équitable et plus durable pour tous-tes.

Lire le communiqué complet, disponible dès maintenant sur le site web de Civil 7.

Faits saillants du rapport Tendances de l’aide canadienne 2024

Faits saillants du rapport Tendances de l’aide canadienne 2024

Le rapport 2024 Tendances de l’aide canadienne, rédigé par Brian Tomlinson dans le cadre d’un partenariat entre AidWatch Canada et Coopération Canada, se penche sur quatre domaines clés : les tendances générales, l’évolution des priorités, la lutte contre la pauvreté et les canaux d’acheminement de l’APD canadienne. Le rapport vise à fournir des données, des preuves et des analyses sur les tendances de l’aide canadienne afin de soutenir le plaidoyer de la communauté de la coopération internationale sur l’APD canadienne. Les informations mises au jour dans ce rapport sont cruciales pour tous-tes celles et ceux qui suivent les contributions du Canada à l’aide internationale. Quatre documents sur les faits saillants accompagnent le rapport complet.

Le nouveau rapport sera lancé le 28 janvier avec des interventions de l’auteur, d’AMC et de la société civile, ainsi qu’un espace réservé aux questions-réponses.

Bâtir une economie mondiale plus juste : le rôle du canada et le chemin vers le FFD4

Bâtir une economie mondiale plus juste : le rôle du canada et le chemin vers le FFD4

Les préparatifs de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement (FfD4), qui se tiendra en Espagne en juin/juillet 2025, sont sur leurs dernières lignes droite. Les États membres des Nations unies, le monde universitaire, la société civile, le secteur privé et d’autres acteur-trice-s se sont réuni-e-s à New York du 2 au 6 décembre 2024 pour la deuxième session du comité préparatoire de la conférence. Il s’agissait d’une étape clé dans la mise en avant des éléments qui alimenteront les accords à conclure en Espagne. En tant que forum qui se réunit environ une fois par décennie, le FfD4 jouera un rôle déterminant dans la définition d’une voie à suivre pour le financement du développement durable et une gouvernance économique mondiale plus équilibrée. 

Coopération Canada a participé à ces sessions, en collaboration avec le mécanisme mondial de financement du développement par la société civile, en cherchant à établir des liens entre les processus du FfD4 et le travail que nous menons sur la justice économique, y compris à travers notre leadership du Civil7. En fin de compte, les objectifs de ces processus convergent et visent à relever les défis mondiaux fondamentaux qui limitent la marge de manœuvre fiscale des pays dans la conduite de leur propre développement. En dirigeant le Civil7, nous nous efforcerons de présenter au gouvernement du Canada, en tant que président du G7, et au G7 dans son ensemble, des propositions politiques réalisables, dans lesquelles le G7 pourrait faire preuve de leadership pour corriger certains de ces déséquilibres économiques mondiaux.  

Quel est le rôle du Canada ? 

Bien que les participant-e-s aient convenu que certains des principaux défis à relever au niveau mondial pour parvenir au développement durable, il faudra continuer à plaider en faveur d’un certain nombre de questions, notamment en veillant à ce que le FdD4 reste axé sur la coopération internationale et qu’il ne soit pas accaparé uniquement par des discussions sur la mobilisation des ressources nationales. En ce qui concerne la dette, il est nécessaire d’œuvrer en faveur d’un FfD4 qui aboutisse à un véritable allègement de la dette, car les éléments du document ne proposent pas actuellement le changement institutionnel requis. En ce qui concerne l’égalité des genres, l’agenda du FfD4 doit s’attaquer aux inégalités et adopter un programme de financement transformateur en matière d’égalité. À cet égard, nous saluons l’intervention de l’ambassadeur Bob Rae, ambassadeur du Canada auprès des Nations unies, qui a appelé à une meilleure intégration des questions de genre dans l’agenda du FdD4.  

Parallèlement, le Canada dirige actuellement le Conseil économique et social des Nations unies, ou ECOSOC, en plus de ses rôles de leader au sein du groupe des leaders des ODD et du comité préparatoire du FfD4. Avec le G7, ces rôles convergent et offrent au Canada d’excellentes occasions de s’affirmer en tant qu’acteur mondial pour une coopération internationale plus équilibrée. Alors que des feux brûlent dans toutes les régions du monde, le Canada doit jouer un rôle important en tant qu’organisateur et chef de file pour faire progresser la coopération. L’ambassadeur Rae, qui est le président de l’ECOSOC, est un diplomate et une personne politique expérimenté et respecté. Il a l’occasion unique de diriger avec ambition et une vision audacieuse, en s’affranchissant des dynamiques de la politique à court terme.  

Les priorités qu’il a fixées pour le leadership du Canada, notamment la crise des déplacements, l’IA et le financement du développement, sont en effet pertinentes et nécessitent une poursuite sans relâche d’une action et d’un leadership plus forts. Sur ce dernier point, les travaux de l’ECOSOC éclairent le FfD4 et, dans la perspective de cette conférence, tous les leviers d’influence doivent être actionnés pour mettre en place une véritable transformation qui répare des décennies, voire des siècles, d’injustice économique mondiale.  

Quels sont les leviers qui peuvent générer de l’espace fiscal ?  

Les solutions font l’objet de recherches approfondies et sont de plus en plus présentes dans la sémantique de la coopération internationale, y compris au sein du comité préparatoire du FfD4. C’est grâce à la coopération internationale et à un véritable leadership politique que des systèmes peuvent être mis en place pour s’attaquer à ces problèmes. 

  • Les nations criblées de dettes ne peuvent pas mener ou encore moins investir dans leur propre développement si la majeure partie de leurs revenus est consacrée au service de taux d’intérêt exorbitants.  
  • Le manque de coopération internationale en matière de fiscalité et de flux financiers illicites prive les pays à faible revenu (et d’autres) de milliards de recettes qui pourraient être utilisées pour renforcer les capacités et investir dans le développement durable.  
  • Les banques multilatérales de développement et les autres banques publiques doivent être réformées afin de créer un environnement dans lequel les pays à faible revenu peuvent facilement accéder au financement à des conditions raisonnables. La crise de la COVID a clairement montré comment les pays à revenu élevé pouvaient rapidement mettre en place des systèmes pour soutenir leurs citoyen-ne-s, alors que les pays à faible revenu luttaient pour accéder au financement afin de maintenir à flot leurs services sociaux les plus élémentaires. 
  • Les pratiques commerciales et internationales prédatrices renforcent encore le statu quo, en fournissant des systèmes intégrés qui fixent le commerce en faveur des pays à revenus élevés. Ces pays sont généralement soumis à des droits de douane beaucoup moins élevés lorsqu’ils exportent leurs produits, ce qui leur permet d’accéder plus facilement aux marchés, par rapport aux pays à faible revenu qui sont confrontés à des barrières commerciales beaucoup plus importantes.  

En d’autres termes, l’économie mondiale est truquée de manière à favoriser les pays à hauts revenus et ceux qui détiennent les leviers du pouvoir. 

Qu’en est-il de l’APD ? 

Pendant ce temps, ces mêmes grandes économies, comme le Canada, s’engagent à fournir une aide publique au développement (APD) aux pays à faible revenu. Parallèlement à d’autres flux financiers importants, y compris des flux plus vastes tels que les envois de fonds (remittances), l’APD reste un mécanisme essentiel de soutien aux pays à revenu faible et intermédiaire en matière de développement durable et d’action humanitaire.  

Mais EURODAD montre que « l’APD de plus de la moitié des membres du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE a chuté en 2023, y compris certains des plus grand-e-s donateur-trice-s tel-le-s que l’Allemagne et la France ». De même, selon AidWatch Canada, le Canada a récemment diminué son APD après des augmentations constantes et significatives depuis 2015. L’enveloppe d’aide internationale budgétisée pour 2023/24 est inférieure de 15 % à celle de 2022/23, et il n’y a pas eu de projection pour 2024/25.  

Dans un monde où les conflits et les déplacements se multiplient et où les besoins humanitaires explosent, l’APD doit également augmenter, et ce de manière à transférer le pouvoir à celles et ceux qui sont en charge de leur pays et de leur communauté. Toutefois, à l’issue de la récente COP29, qui a porté un coup sévère au financement de la lutte contre les changements climatiques, et compte tenu des nouvelles réductions de l’APD opérées récemment par un certain nombre de pays, il est clair que l’appétit pour le financement sous forme de dons est limité. 

Quelle est la prochaine étape ? 

Un nouveau paradigme est nécessaire pour uniformiser les règles du jeu et permettre à tous les pays de conduire leur propre développement, en s’affranchissant des structures et pratiques économiques et financières déséquilibrées persistantes.  

Les réformes globales de la dette, du commerce, de la fiscalité et de l’accès au financement sont essentielles à la refonte du dialogue sur le développement international, qui ne consiste plus à combler les lacunes et à rechercher des subventions, mais à donner à tous les pays les moyens d’agir grâce à une architecture internationale équitable qui ne limite pas, mais libère la marge de manœuvre budgétaire.  

Le Canada est désormais sous les feux de la rampe internationale. Par le biais du G7, de l’ECOSOC, du SDG Leaders Stimulus Group et du FfD4, le moment est venu d’établir un programme audacieux. Cela signifie :  

  • Engager la société civile dans l’élaboration de solutions qui placent les personnes avant les profits, 
  • Agir sur les injustices qui continuent d’exacerber les inégalités, et  
  • Veiller à ce que l’IA et les nouvelles technologies ne servent pas à consolider davantage une économie truquée.  

Le Canada a une occasion unique de démontrer qu’il n’est pas un simple participant sur la scène mondiale, mais une force directrice pour le progrès, la justice et l’équité dans le monde. 

 

 

Nouvelle enquête : Perspectives canadiennes sur l’APD et le Canada sur la scène internationale (CanSFE)

Nouvelle enquête : Perspectives canadiennes sur l’APD et le Canada sur la scène internationale (CanSFE)

Coopération Canada s’est associée à un sondage mené par CanSFE et le Groupe de travail en recherche sur l’opinion publique (GTROP), qui a montré que le rôle du Canada sur la scène internationale demeure une priorité claire pour les Canadien-ne-s 

Le sondage national réalisé par Abacus Data a révélé que 77 % des Canadien-ne-s estiment qu’il est important de maintenir l’engagement historique du Canada à soutenir d’autres pays dans le besoin, tandis que 81 % d’entre eux/elles sont favorables à ce que le Canada fournisse une aide publique au développement (APD) spécifique. Et ce, même si 94 % des répondant-e-s se disent préoccupé-e-s par l’augmentation du coût de la vie au Canada et 85 % par l’accessibilité au logement. 

Consulter l’enquête ici.