
MHN 2025 – Entretien avec Salamatu Mohammed
Pour la deuxième année, Coopération Canada célèbre le Mois de l’histoire des Noirs en mettant en lumière les voix et les contributions des leaders noirs de la coopération internationale canadienne. Dans le cadre de cette campagne numérique, nous dressons le profil des artisans du changement, des innovateurs et des perturbateurs qui façonnent le secteur, en partageant leurs réalisations, leurs défis et leurs perspectives. En amplifiant ces histoires, nous visons à favoriser une plus grande reconnaissance du leadership noir et à inspirer un dialogue significatif sur l’équité et l’inclusion dans la coopération internationale. Rejoignez-nous pour reconnaître et honorer ces incroyables leaders tout au long du mois de février !
Cette semaine, nous vous invitons à rencontrer Salamatu Mohammed, Spécialiste principal des subventions à Islamic Relief Canada.
Pourquoi avez-vous décidé de travailler dans la coopération internationale et quels ont été les points forts de votre carrière ?
Ma décision de travailler dans la coopération internationale est personnelle. Je suis animée par le désir d’aider à inverser la fuite des cerveaux en Afrique subsaharienne, en veillant à ce que moins d’enfants et de jeunes aient à grandir loin de leur lieu d’origine à la recherche de meilleures opportunités. C’est un peu ambitieux, mais c’est alimenté par des expériences personnelles et une profonde valeur de la communauté et des liens.
Beaucoup des moments forts de ma carrière tournent autour des personnes incroyables avec lesquelles j’ai eu la chance de travailler. Des collègues qui vivent et travaillent dans des zones de crise et qui ont le courage de se présenter chaque jour et de répondre aux besoins de la communauté. À celles et ceux qui luttent pour une plus grande équité au niveau stratégique dans le secteur. Leur dévouement est une source d’inspiration. Plus récemment, j’ai eu la chance d’occuper un poste dans lequel j’aide divers bureaux à rechercher des opportunités de financement. Ce rôle me permet d’utiliser mon privilège et ma compréhension de ce que veulent les donateur-trice-s, mais aussi de mettre en évidence le contexte et les besoins sur le terrain, en aidant à combler les lacunes dans les opportunités de financement. Alors que nous travaillons à la création de mécanismes de financement plus accessibles, il est extrêmement encourageant de participer à des discussions sur la décolonisation du secteur et de prendre des mesures pour obtenir des résultats plus équitables.
Quelles expériences ont influencé votre carrière en tant que personne noire dans le secteur de la coopération internationale ?
En tant que femme musulmane noire dans le secteur, mes expériences ont été un mélange de privilèges et de défis. Il y a des moments où je suis consciente d’être la seule personne noire et/ou musulmane dans une pièce. Parfois, cela me donne envie de me fondre dans le décor, tandis que d’autres fois, cela me pousse à m’exprimer davantage. Naviguer dans ces espaces m’a appris l’importance de prendre la parole lorsque j’ai quelque chose à partager et de créer des espaces accueillants.
Il est également encourageant d’entrer en contact avec d’autres professionnel-le-s noir-e-s du secteur. Voir les difficultés des autres et leur apporter son soutien est revigorant. Je tiens à saluer le travail remarquable du Centre de l’ARC qui crée des espaces permettant aux personnes de couleur de se rencontrer et de discuter de leurs expériences. Ces interactions me donnent plus d’encouragement à agir et de confiance, sachant qu’il existe une communauté de personnes qui s’efforcent de rendre le monde meilleur, plus inclusif et plus équitable.
Quels sont vos espoirs pour l’avenir et quels conseils donneriez-vous à celles et ceux qui souhaitent travailler dans la coopération internationale ?
Mon espoir pour l’avenir est un secteur de la coopération internationale plus inclusif. Un secteur où chacun-e, en particulier les détenteur-trice-s de droits, peut participer de manière significative à la prise de décisions qui affectent leur vie. J’apprends et je déconstruis continuellement mes connaissances à travers divers engagements avec différentes personnes du secteur. J’essaie de mettre en pratique ce que je peux faire maintenant et de conserver le reste dans l’espoir de pouvoir l’appliquer un jour.
Pour celles et ceux qui souhaitent travailler dans ce secteur, sachez que vous vous lancez dans un voyage d’apprentissage. Il est important d’entrer en contact avec les gens, car c’est ainsi que vous découvrez le secteur, que vous découvrez ce qui est possible et que vous voyez où le changement se produit. Cela peut être accablant, mais restez fidèle à votre cap. Unissez vos efforts pour adopter davantage d’initiatives décoloniales et créer une collaboration plus diversifiée. Et surtout, soyez compatissant-e et prenez soin de vous.
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