Tous les regards se tournent vers le Canada pour #LutterPourCeQuiCompte

Tous les regards se tournent vers le Canada pour #LutterPourCeQuiCompte

*Article invité par Leigh Raithby, Résultats Canada

 

Plus de deux ans après le début de la pandémie de COVID-19, son impact sur les communautés est toujours grandissant, alors que le monde fait face à la perte de millions de vies et de moyens de subsistance.  

Alors que le monde repense à ce qu’est la victoire sur le virus, ce qui reste clair est la nécessité d’une feuille de route collective pour un rétablissement équitable et pour se préparer à la prochaine pandémie. Heureusement, il existe des mécanismes robustes pour aider le monde à établir cette feuille de route, des entités qui possèdent les connaissances, l’expertise et les réseaux mondiaux nécessaires pour répondre à la pandémie, se remettre de ses effets et se préparer aux menaces futures. Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme est l’un de ces mécanismes qui possède deux décennies d’expérience dans la lutte contre les maladies infectieuses les plus mortelles au monde et, plus récemment, a contribué de manière significative à la réponse mondiale à la COVID-19. Le résultat : 50 millions de vies ont été sauvées 

 Lorsque la pandémie a frappé en 2020, le monde n’était pas préparé mais les outils et infrastructures existants pour d’autres maladies comme la tuberculose ont permis de lancer une réponse mondiale. Cependant, avec le détournement des ressources consacrées aux maladies infectieuses de longue date au profit de la lutte contre la COVID-19, le monde a assisté à une résurgence du VIH, de la tuberculose et du paludisme. Le nombre de décès dus à la tuberculose dans le monde a augmenté pour la première fois depuis 2005, avec une hausse stupéfiante de 1,5 million de décès en 2020. Il y a eu 69,000 décès de plus dus au paludisme en 2020, par rapport à 2019. En réponse, le Fonds mondial a redoublé d’efforts pour aider les pays à réagir au nouveau virus, à atténuer son impact sur les services de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme et à apporter des améliorations urgentes aux systèmes de santé. Grâce à ces efforts, les programmes soutenus par le Fonds mondial ont commencé à se remettre lentement des revers causés par la COVID-19. 

 Maintenant plus que jamais, il est essentiel que le Fonds mondial reçoive le soutien nécessaire pour poursuivre ce travail important et remettre le monde sur la voie de la fin des épidémies. Au début de l’année, le Fonds mondial a publié son Augmentaire d’investissement de la septième reconstitution des ressources, appelant les donateur-trice-s à l’aider à atteindre les 18 milliards de dollars US, le minimum nécessaire pour sauver environ 20 millions de vies supplémentaires. En raison des besoins accrus au milieu de la pandémie, ce montant est supérieur d’environ 30 % aux 14 milliards de dollars collectés lors de la sixième reconstitution des ressources du Fonds mondial en octobre 2019. 

 Depuis cet appel au financement, les organisations de la société civile du Canada se sont ralliées à d’autres organisations du monde entier pour s’assurer que les pays donateurs atteignent le chiffre requis. Parmi nos alliés du G7, nous avons vu les États-Unis, l’Allemagne et le Japon annoncer leur soutien à la septième reconstitution des ressources du Fonds mondial en s’engageant à augmenter leurs promesses de 30 % par rapport au cycle de financement précédent. Les plaideur-euse-s au Canada attendent maintenant que notre gouvernement leur emboîte le pas. 

 Une coalition de 14 organisations de la société civile à travers le Canada, dont Résultats Canada, a été à l‘avant-garde de cette campagne, unissant ses forces pour s’assurer que le Canada assume son rôle de leader en ce moment critique. Au cours des derniers mois, la coalition s’est engagée dans diverses activités de plaidoyer pour faire entendre haut et fort notre demande au Canada : 1,2 milliard de dollars canadiens pour la septième reconstitution du Fonds mondial, pas un sou de moins. Les partenaires canadien-ne-s ont donné le coup d’envoi de la campagne par une semaine d’action en mai, au cours de laquelle des participant-e-s de tout le pays ont rencontré 40 parlementaires pour obtenir leur soutien à l’investissement du Canada dans le Fonds mondial. La coalition est ensuite descendue dans la rue lors du défilé de la Fierté de Toronto et, plus récemment, lors de la Fierté d’Ottawa pour manifester son soutien collectif au Fonds mondial, en soulignant les efforts du partenariat pour protéger la communauté LGBTQ+. En juillet, les membres de la coalition ont assisté à la Conférence internationale sur le SIDA à Montréal, où nous avons continué à plaider en faveur d’un Fonds mondial entièrement financé. Les efforts de cette coalition ont permis d’obtenir le soutien parlementaire de 50 député-e-s et sénateur-trice-s de tous les partis politiques, qui considèrent que le Fonds mondial est essentiel pour garantir l’équité en matière de santé pour tous. 

 Après des mois de plaidoyer, la coalition d’organisations de la société civile canadienne, aux côtés de défenseur-euse-s des citoyen-ne-s de tout le pays et de communautés affectées dans le monde entier, attend du Canada qu’il apporte une contribution de 1,2 milliard de dollars canadiens lors de la Conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial qui se tiendra à New York la semaine prochaine. Il n’y a pas d’autre choix que d’investir fortement dans le Fonds mondial, car des millions de vies en dépendent. À vous de jouer, Canada. 

Leigh Raithby

Leigh Raithby

Agente des Politiques et du Plaidoyer, Résultats Canada

Le  “F word” ou la réalisation des ambitions du Canada en matière de politique étrangère féministe dans un contexte divisé tant au niveau national qu’international

Le “F word” ou la réalisation des ambitions du Canada en matière de politique étrangère féministe dans un contexte divisé tant au niveau national qu’international

Par Dre Kate Grantham, Consultante en développement international et Vice-présidente de l’ACÉDI

 

With the results of Canada’s recent federal election, Justin Trudeau’s Liberal government has been given another opportunity to advance its widely touted feminist foreign policy. However, this time around, the Liberals face the uphill battle of being a minority government, in a global context where right-wing nationalist and anti-feminist movements are on the rise.

 

Since taking office in 2015, Justin Trudeau’s federal government has made several major announcements demonstrating its commitment to a feminist foreign policy agenda. Most prominently, in June 2017, the government introduced its Feminist International Assistance Policy which “seeks to eradicate poverty and build a more peaceful, more inclusive and more prosperous world… [by] promoting gender equality and empowering women and girls.” Other examples include the government’s decision to make gender equality a centerpiece of its 2018 G7 presidency, its efforts to include gender protections in several recently negotiated free trade agreements, appointing Canada’s first-ever Ambassador for Women, Peace and Security, and committing to invest $1.4 billion over ten years for global initiatives promoting women’s sexual and reproductive health and rights.

 

The government’s ambitions are certainly admirable, and necessary to correct historical inattention to the diverse experiences of women and girls in Canadian foreign policy. Yet realizing a comprehensive feminist approach across all three pillars of Global Affairs Canada’s portfolio – diplomacy, trade and development – presents real challenges, particularly in the current global economic and political climate.

 

Countries in North America, Europe and around the world are witnessing the proliferation of right-wing nationalist and anti-feminist movements, which can be largely attributed as backlash against the perceived threat of a feminist agenda like the one Global Affairs Canada is pushing for.

 

In the United States, just two days after the historical Women’s March on Washington, Donald Trump reinstated the Obama-repealed “global gag rule”, banning funding for organizations that perform abortion services, referrals or advocacy. Trump also expanded the policy to include, for the first-time, non-governmental organizations that support other groups that provide or merely discuss abortion. The current international climate makes Canada’s global leadership on gender equality – and on sexual and reproductive health and rights in particular – a critical and uphill battle.

 

Very real tensions also exist for realizing a comprehensive feminist foreign policy because the objectives of Canadian development, diplomacy and trade sectors are not always neatly aligned. Case in point, the Canadian government faced intense criticism earlier this year for proceeding with a $15 billion sale of light armored vehicles to Saudi Arabia, despite reports those vehicles may be used for military repression, in direct contradiction of feminist principles.

 

Similar tensions exist for Canada’s economic interests abroad, put into sharp focus when the government backtracked on a commitment to create an independent ombudsperson on corporate human rights. This was in spite of evidence of widespread and egregious human rights abuses by Canadian companies and supply chains abroad, including in mining, oil and gas, and garment sectors.

 

Back at home, Canadian public support for international development assistance is seen to be waning in some circles. The promise made by Conservative leader Andrew Scheer to cut Canadian foreign aid spending by 25 per cent if elected signals the deeply politicized and insecure position of Canadian foreign aid spending. Scheer’s announcement was met with alarm bells by those working in the aid sector, who were particularly critical of the misinformation being spread during the campaign. The broader Canadian public, however, remained relatively disengaged from the issue. While most Canadians agree that we have a duty to support the health, education and economic opportunity for the world’s poorest and most marginalized, public opinion research from the Canadian Partnership for Women and Children’s Health (CanWaCH) finds that nearly one quarter of Canadians disagree with this idea.

 

If the federal government has any serious ambition of moving the needle on Canadian foreign aid spending from the current 0.28 per cent of GNI to meet Canada’s decades old commitment of 0.7 per cent, then it must work to generate broader public education and support for the goals of a feminist international assistance policy.

 

These are real challenges and tensions that need to be tackled head on in order for Canada to realize the critical ambitions of its feminist foreign policy agenda.

 

The Summit on Canada’s Global Leadership, taking place in Ottawa on November 27 and 28, is a unique opportunity to discuss Canada’s foreign policy with individuals working across the development, diplomacy and trade nexus. Several different plenaries and breakout sessions will address this issue, with diverse speakers from Canada and internationally scheduled to take part in the program.

 

The opening plenary on November 27, “Setting the tone: What should Canada’s foreign policy agenda be?” will feature Shirley Kimmayong (Founder of Hagiyo Organization Inc.), Shirley Pryce (Founder of the Jamaican Household Workers Union) and Hugh Segal (Former Conservative Senator) discussing a shared vision for an ambitious and impactful Canadian foreign policy agenda.

 

On November 28, Canada’s Ambassador for Women, Peace and Security, Jacqueline O’Neill, and General Jonathan Vance, Canadian Armed Forces Chief of the Defence Staff, will headline a post-lunch plenary on “Strengthening Women’s Participation on Peace Processes and Conflict Resolution” moderated by Ketty Nivyabandi of the Nobel Women’s Initiative. This session will address the intersections of gender and women’s leadership in global challenges to peace and security, and how these intersections can inform Canadian foreign policy.

 

Multiple breakout sessions will also touch on the issue of feminist foreign policy, including “Beijing+25: Influencing priorities and opportunities for engagement” on November 27, and on November 28, “Feminism(s) in gender equality and women’s empowerment programming” and “Justice climatique féministe”.

 

Dre Kate Grantham est une consultante en développement international spécialisée dans la recherche et les approches féministes. Elle est également vice-présidente de l’Association canadienne d’études du développement international (ACÉDI). Suivez @KateGrantham sur Twitter.

 

Women Deliver : C’est au tour du Canada!

Women Deliver : C’est au tour du Canada!

Du 3 au 6 juin, la ville de Vancouver s’est transformée en capitale féministe planétaire avec plus de 8 000 fervents défenseurs et défenseuses des droits des femmes, venus du monde entier pour participer à la conférence Women Deliver, attirés en grande partie par le leadership féministe du gouvernement canadien. Ces champions et championnes des droits des femmes sont venus pleins d’attentes, et sont repartis très impressionnés. 

Le gouvernement fédéral qui, ayant contribué à la défense des droits des femmes et des filles de deux façons importantes, s’est montré à la hauteur tant au Canada qu’à l’étranger. 

Depuis 2017 déjà, année durant laquelle le Canada a adopté sa Politique d’aide internationale féministe, l’aide canadienne est entièrement concentrée sur la promotion de l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes et des filles. Bien que plusieurs autres pays donateurs travaillent également à l’égalité des genres, le Canada est le premier pays qui en a fait le centre de son aide internationale. 

Le dimanche 2 juin, le Canada a lancé une initiative, unique en son genre, pour mobiliser de nouvelles formes de philanthropie, le secteur privé et d’autres véhicules d’investissement, et mobiliser ainsi leurs fonds pour le soutien des organisations et mouvements de femmes dans les pays en développement et au Canada. Avec un financement initial de 300 millions de dollars provenant du gouvernement fédéral, le Partenariat pour financer l’égalité des genres permet de mobiliser des ressources sans précédent et de créer une source de financement durable et prévisible pour l’accomplissement de ce travail essentiel.  

Pour tous ceux qui craignent que le financement des groupes de femmes ne perde un jour la faveur politique, il est rassurant de savoir que ce fonds est créé indépendamment du gouvernement et conçu pour opérer de façon durable.  

Deux jours plus tard, le premier ministre Justin Trudeau annonçait la poursuite et l’accroissement des investissements dans la santé des femmes et des filles. D’ici 2023, le Canada augmentera son investissement en santé mondiale à 1,4 milliard de dollars par année, en mettant l’accent sur la santé maternelle, néonatale et infantile et les droits en matière de santé sexuelle et reproductive. 

Ces deux annonces stimuleront sans aucun doute la politique canadienne d’aide internationale féministe. Mais leur mérite va au-delà des engagements politiques de ce gouvernement. 

L’investissement annuel du Canada comprendra 700 millions de dollars pour les domaines les plus en manque de financement, c’est-à-dire la santé et des droits sexuels et reproductifs (SDSR) – un engagement qui permettra d’autonomiser 18 millions de femmes et de filles. Dans les dix prochaines années, le gouvernement et les partenaires seront en mesure d’appliquer des approches efficaces à plus long terme et de réaliser des progrès mesurables pour relever certains des défis sanitaires les plus inextricables du monde. 

Aujourd’hui, confrontées à des menaces contre les gains si durement acquis en faveur de l’égalité des genres, sous des formes aussi variées que les attaques contre le droit des femmes de choisir chez nos voisins au sud de la frontière, le recul de l’éducation sexuelle en Ontario et la haine sur internet contre les défenseurs de l’égalité des genres, les féministes présentes à Vancouver cherchaient des leaders pour riposter. Le Canada s’est attelé à la tâche et a intensifié ses efforts. 

Il existe des preuves irréfutables que l’égalité des genres est indispensable au développement durable. Les investissements dans l’égalité des genres produisent des résultats substantiels sur les plans économique et social, et les investissements dans les domaines négligés de la SDSR sont parmi les plus rentables de tous.  

Au-delà des données, il est intuitif de penser que nous ne pouvons pas obtenir le meilleur monde possible sans au préalable garantir l’égalité des droits et des chances à la moitié de la population. 

Ces deux annonces publiées faisaient suite à des initiatives soutenues de la société civile visant à plaider en faveur d’un leadership canadien fort en matière d’égalité des genres. Le succès de ces efforts témoigne du monde meilleur qui est à notre portée lorsque le gouvernement et la société civile collaborent pour créer un changement positif et durable. 

On ne peut qu’applaudir le gouvernement pour avoir renforcé son engagement à soutenir une coopération au développement efficace et à promouvoir l’égalité des genres.  

Et pourtant, même une programmation efficace et percutante ne suffira pas à relever les défis du développement à l’échelle mondiale. L’aide canadienne a diminué, en matière de pourcentage de l’économie au cours de la dernière décennie, tant sous les gouvernements libéraux que conservateurs. Ayant presque frôlé un niveau plancher record, elle atteint maintenant environ 0,27 $ pour chaque tranche de 100 $ de revenu national brut. 

L’engagement décennal du gouvernement prendra fin en 2030, la même année où les objectifs de développement durable de l’ONU arrivent à échéance. Le gouvernement actuel a parlé à maintes reprises de son ambition de voir le Canada jouer un rôle de chef de file sur la scène internationale. Alors que nous célébrons les progrès réalisés et que nous considérons l’avenir de l’aide canadienne, on doit se rendre à l’évidence que cette aide peut encore faire plus pour réaliser l’ambition du gouvernement actuel. 

Nicolas Moyer est président -directeur général du Conseil canadien pour la coopération internationale (CCCI), l’association nationale des organismes canadiens de développement international et d’aide humanitaire.