Le Dialogue OSC-AMC 2022 sur l’aide internationale et le développement : Une conversation sur la promotion d’un environnement favorable pour la société civile
La conversation a révélé de nombreux points de vue, en voici quelques éléments clés.
Permettre un espace civique démocratique et sûr
La Politique et la Recommandation du CAD fournissent toutes deux des démarches pour favoriser un environnement sûr et favorable à la société civile. D’année en année, CIVICUS surveille l’état de l’espace civique, et les tendances sont inquiétantes. Bien qu’il y ait certainement du travail à faire, le Canada reste « Ouvert » dans la dernière notation de CIVICUS, parmi moins de 20 pays à partager cette notation. Les participant-e-s ont exprimé leur profonde inquiétude face à la prévalence croissante des forces antidémocratiques et autoritaires dans le monde, notant que ces tendances ont un impact sur notre capacité commune à réaliser la vision du Canada en matière d’aide internationale féministe. La fermeture de l’espace civique affaibli les efforts du secteur de la coopération internationale pour équilibrer le pouvoir, faire progresser la localisation et améliorer l’efficacité. Si tous les intervenant-e-s ne s’engagent pas fermement à promouvoir la démocratie et l’espace civique, y compris les trois piliers essentiels décrits dans la recommandation du CAD, nos efforts de coopération internationale seront de plus en plus difficiles à réaliser au cours des prochaines années. La collaboration entre les gouvernements et la société civile pour faire avancer la politique et la recommandation du CAD est un pas important dans la bonne direction.
Opportunités et défis : Faciliter les partenariats, la collaboration et favoriser l’inclusion.
La Mise à jour narrative de haut niveau a noté les progrès d’AMC et des OSC spécifiquement dans deux domaines clés : 1) la promotion de l’égalité des genres ; et 2) la rationalisation des processus, l’exploration de solutions innovantes, et l’amélioration de la transparence, de la responsabilité et des résultats de l’aide internationale, par le dialogue et l’action collaborative.
Pour l’avenir, il y a des défis à relever et des opportunités à saisir. Par exemple, les participant-e-s ont noté la prévalence d’obstacles au partenariat, en particulier pour les OSC des pays partenaires. La manière dont les engagements en matière de localisation n’ont pas encore donné de véritables résultats (compte tenu des engagements pris dans le cadre du Grand Bargain en 2016 et des engagements historiques en faveur de l’appropriation par les pays découlant du programme d’efficacité de l’aide depuis le début des années 2000) a été au cœur de la conversation. Cependant, certaines mesures positives ont certainement été prises à la fois par les OSC et par Affaires mondiales Canada. (Veuillez voir quelques exemples ici sous l’objectif 1 dans les rapports de mise à jour narratifs). Lors d’un atelier en mai 2022, le Groupe de travail des OSC sur la Recommandation du CAD sur l’habilitation de la société civile (qui fait partie du Groupe de référence du CAD-OSC) a facilité une discussion entre les collègues des OSC du Sud pour identifier les réformes qui permettraient de financer les OSC du Sud. Le document final a mis en évidence les domaines de changement en suspens, notamment le passage d’une mentalité coloniale à la confiance et au respect des OSC du Sud, l’accent mis sur les priorités locales et les nouvelles méthodes de financement et de travail qui encouragent la collaboration et utilisent les plateformes et les coalitions d’OSC pour maximiser les résultats. Faisant référence à l’atelier qui s’est déroulé pendant le Dialogue, Anabel Cruz, directrice fondatrice de l’Institut pour la communication et le développement (Uruguay), a fait remarquer que les OSC du Sud continuent de subir des pressions pour rendre des comptes aux donateurs, plutôt qu’aux communautés dans lesquelles elles travaillent. Les discussions ont également porté sur la manière dont l’élargissement des partenariats public-privé pourrait faire entendre des voix autres que celles des suspects habituels et renforcer la collaboration en vue d’atteindre des objectifs communs, tels que l’Agenda 2030 des Nations unies/les objectifs de développement durable.
En outre, les participant-e-s ont souligné la nécessité d’une plus grande diversité de points de vue dans les forums mondiaux de partenariat multipartite, comme le Partenariat mondial pour une coopération efficace au développement, ainsi que dans les espaces créés avec Affaires mondiales Canada pour promouvoir un environnement favorable aux OSC. Le dialogue et l’engagement devraient refléter une volonté partagée de donner du pouvoir aux voix marginalisées et d’engager activement les peuples, les communautés et les organisations de tout le Canada à relever les principaux défis du développement international et à poursuivre des objectifs communs. Par exemple, les peuples autochtones du monde entier et du Canada ont beaucoup à apporter en termes de connaissances et de façons de savoir et de faire qui pourraient enrichir les discussions au Canada et à l’étranger. En même temps, la dynamique du pouvoir au sein des forums institutionnalisés doit être abordée pour assurer un engagement significatif. Il ne suffit pas d’offrir un siège à la table; les approches équitables impliquent de s’attaquer aux obstacles qui empêchent de trouver la table, de prendre une chaise, de contribuer à l’établissement de l’ordre du jour et, en fin de compte, de savoir que la table est sûre pour les conversations qui remettent en question les méthodes de travail historiques. Ces réflexions sur la manière d’améliorer notre approche de l’inclusion seront essentielles pour informer les efforts conjoints à venir dans le cadre de notre travail au sein du GCPO et de l’application de la recommandation du CAD.
Les progrès du Canada concernant la recommandation du CAD sur le renforcement de la société civile devraient exploiter des tables de consultation existantes.
Le 5 juillet, la recommandation du CAD fêtera son premier anniversaire. Le CAD et AMC ont tous deux étés actifs dans la sensibilisation à ses dispositions. Au cours du dialogue, Jacqueline Wood, chef d’équipe – spécialiste principale de la société civile à la Direction de la coopération pour le développement de l’OCDE, a expliqué comment le CAD travaille sur un ensemble de référentiels qui faciliteront la mise en œuvre de la recommandation, dont la première portera sur le « financement de la société civile locale dans les pays partenaires ». Le Centre international de la loi des organisations à but non lucratif a également identifié les mesures que les donateurs peuvent prendre pour élargir l’espace civique, compte tenu de la recommandation et avant les référentiels promis. Comme l’a fait remarquer Brian Tomlinson, directeur général d’AidWatch Canada et animateur du groupe de travail des OSC sur la recommandation, au cours du Dialogue, les progrès du Canada nécessiteront de réaliser une revue des politiques existantes, des mécanismes et des possibilités et des défis liés à la mise en œuvre de la recommandation.
Et le Canada est bien placé à cet égard. Le Canada s’est toujours fait le champion de l’environnement favorable aux OSC et s’est prononcé contre la fermeture de l’espace civique. Pour les ministres Sajjan et Joly, l’avancement de la démocratie et des droits de la personne est au cœur des priorités de l’engagement international, priorités qui ne pourraient être plus opportunes compte tenu des tendances mondiales.
Après le lancement de la Mise à jour narrative de haut niveau du GCPO, il existe une opportunité pour le GCPO de planifier des efforts tournés vers l’avenir, y compris des opportunités pour faire avancer la recommandation du CAD. Le GCPO prévoit d’organiser un bilan à l’automne pour parler de la situation actuelle et de la voie à suivre pour la mise en œuvre de la politique.
Coprésident-e-s du GCPO
Shannon Kindornay, chef des opérations, Coopération Canada
Stuart Savage, directeur général – Engager les Canadien-ne-s, Affaires mondiales Canada