Après le retrait des forces de l’OTAN et la prise de contrôle de l’Afghanistan par les talibans il y a un an, les conditions de vie de la population afghane se sont détériorées. La crise humanitaire actuelle découle en partie de problèmes de longue date : catastrophes naturelles, changement climatique, conflits et mauvaise gouvernance. L’impact du régime taliban est profond, notamment avec des conséquences catastrophiques pour les femmes et les enfants dont beaucoup continuent à défier courageusement les autorités et à lutter pour leurs droits. De plus, dans un contexte d’une crise alimentaire mondiale, les sanctions internationales imposées à l’Afghanistan contribuent à pousser de nombreuses familles afghanes au bord de la famine. Des millions de vies sont aujourd’hui en jeu.   

Les sanctions internationales ne devraient pas criminaliser l’aide humanitaire. Conformément au consensus international selon lequel les personnes et les entités associées aux talibans constituent une menace pour la paix, la stabilité et la sécurité de l’Afghanistan, la législation antiterroriste canadienne interdit tout paiement aux talibans pour des opérations ou des impôts. En effet, cela est perçu comme un soutien à une organisation terroriste. Le problème est que l’interdiction de telles transactions a poussé de nombreuses organisations canadiennes à retarder ou à abandonner la provision d’aide humanitaire vitale en Afghanistan, par peur de poursuites du gouvernement canadien. 

Le Canada maintient des sanctions néfastes bien que plus de 24 millions de personnes en Afghanistan aient besoin d’une aide humanitaire immédiate. Peu après la prise du pouvoir par les talibans, la communauté internationale a reconnu que les sanctions faisaient du tort aux familles afghanes. C’est pourquoi les Nations Unies ont adopté une résolution demandant aux États membres de l’ONU d’adapter leur réglementation nationale afin de prévoir des exceptions humanitaires aux sanctions contre les talibans (résolution 2615). De nombreux alliés du Canada, dont l’Australie, l’Union européenne, le Royaume-Uni et les États-Unis, ont emboîté le pas en adoptant des mesures d’exemption permettant aux organismes humanitaires de poursuivre leurs activités en Afghanistan sans risque réel de poursuites pénales. Le Canada ne l’a pas fait.   

Après avoir investi près de quatre milliards de dollars en Afghanistan en aide humanitaire entre 2001 et 2021, l’inaction du Canada quant à l’élimination de ces obstacles législatifs menace de compromettre les avancées réalisées pendant deux décennies. Il n’est pas dans l’intérêt du Canada d’entraver la capacité des organismes humanitaires canadiens à fournir des services essentiels. Pire, cela signale un manque de volonté politique et une vision étroite en matière de leadership international. 

Une coalition d’organisations humanitaires demande au Canada d’agir maintenant et de supprimer les obstacles juridiques qui empêchent la fourniture de l’aide humanitaire en Afghanistan. Il s’agit notamment d’exemptions de sanctions protégeant les organisations canadiennes de poursuite pénales découlant de leurs activités humanitaires, ainsi que de modifications aux dispositions antiterroristes du Code criminel. Les discussions avec le gouvernement menées au cours des derniers mois n’ayant pas porté de fruits, il est maintenant temps pour les Canadiens de pousser le gouvernement à faire ce qu’il faut. La campagne #AideAfghanistan vise à aider les familles afghanes et non à les soumettre aux conséquences des actions du régime politique actuel dans leur pays. Les agences humanitaires canadiennes opèrent en Afghanistan depuis des décennies et sont prêtes à fournir une aide humanitaire à ceux qui en ont le plus besoin.