MHN 2024 – Entretien avec Musu Taylor-Lewis

MHN 2024 – Entretien avec Musu Taylor-Lewis

Entretien avec Musu Taylor-Lewis, directrice générale de Food for the Hungry

 

1. Pourquoi avez-vous décidé de travailler dans le domaine de la coopération internationale et quels ont été les points forts de votre carrière ?  

Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu contribuer au développement économique. Ma famille est originaire de Sierra Leone et mes parents nous ont inculqué le sens de la responsabilité communautaire. Le fait d’avoir grandi dans différentes parties du monde m’a rendu très consciente de l’inégalité des chances dont bénéficient les gens en fonction de leur lieu de naissance et je n’ai jamais été à l’aise avec cette réalité. 

Les rencontres avec des personnes dont j’avais écrit ou raconté l’histoire dans des rapports de projet sont des moments forts de ma carrière. C’est un rappel profond de notre responsabilité en tant que médiateur-trice-s de ces histoires, avec humilité et attention. Avoir été membre du comité consultatif inaugural pour l’élaboration d’un plan d’action contre le racisme pour le secteur canadien de la coopération internationale et avoir pu contribuer à la production d’un cadre pour le changement antiraciste. Je ne saurais décrire ce que j’ai ressenti lorsque le premier rapport a été achevé. Il représentait vraiment son nom en tant qu’engagement collectif en faveur du changement et mon cœur a chanté ! 

 

2. Quelles sont les expériences qui ont influencé votre carrière en tant que personne noire dans le secteur de la coopération internationale ?  

L’histoire de ma tante Amina. La sœur de mon père n’a jamais eu la possibilité d’aller à l’école et lorsque je pense à la disparité de sa vie et de celle de ses frères et à la différence que cela continue de faire pour mes frères et sœurs et nos cousins, je reste consciente que l’inégalité affecte les générations. Il est donc très personnel pour moi de voir les disparités s’étendre aux niveaux national et international. Cela signifie que des communautés entières sont mises à l’écart, au détriment de nous tous-tes. L’humanité ne peut pas atteindre son plein potentiel tant que tant de personnes sont empêchées d’apporter les contributions dont elles sont capables, si on leur donne les bonnes opportunités. 

 

3. Quels sont vos espoirs pour l’avenir et quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent travailler dans le domaine de la coopération internationale ?  

Je suis une idéaliste inconditionnelle. J’espère un avenir chacun aura la possibilité de réaliser son plein potentiel. Un avenir les services de santé, l’alimentation et l’éducation ne seront pas un luxe pour quiconque dans le monde, quel que soit l’endroit il vit ou son niveau de richesse. Je dirais à celles et ceux qui entrent dans le secteur qu’il ne s’agit pas d’un travail de super-héros ou de super-héroïne, qu’il n’y a pas de formule magique pour le changement, qu’il s’agit d’un lent travail de collaboration pour ébranler les structures qui désavantagent les différents peuples. Vous ne pourrez peut-être pas changer le monde entier, mais vous pouvez effectuer un changement dans le monde, il suffit de trouver un coin et de commencer à tailler dans le vif, vous trouverez d’autres personnes sur qui vous appuyer. L’idéalisme doit être tempéré par le réalisme afin de ne pas s’épuiser ou perdre ses illusions. 

 

MHN 2024 – Entretien avec Musu Taylor-Lewis

MHN 2024 – Entretien avec Carelle Mang-Benza

Entretien avec Carelle Mang-Benza, responsable des politiques à Coopération Canada

 

1. Pourquoi avez-vous décidé de travailler dans le domaine de la coopération internationale et quels ont été les points forts de votre carrière ?  

Lorsque j’ai travaillé pour la première fois avec un donateur bilatéral, il y a de nombreuses années, j’étais plus intéressée par le sujet (la politique environnementale) que par le secteur de la coopération internationale. J’ai progressivement découvert, apprécié et critiqué le secteur, en passant de la coopération bilatérale à la coopération multilatérale. 

Tout ce que je considère comme un point fort de ma carrière est lié aux expériences humaines vécues dans et avec les pays où les programmes sont mis en œuvre : cette conversation avec une adolescente victime d’abus sexuels dans un camp de personnes déplacées ; ce garçon de 10 ans qui a fait part des observations de sa grand-mère sur les variations climatiques au cours de sa vie ; cet agriculteur chevronné qui a trouvé l’audace de partager son expérience en matière de gestion des terres devant les experts en agriculture ; ce collègue de l’ONU dont le manque de financement du programme a été résolu par la communauté locale et ses parents de la diaspora ; et tant d’autres encore… 

 

2. Quelles sont les expériences qui ont influencé votre carrière en tant que personne noire dans le secteur de la coopération internationale ?  

Les expériences susmentionnées ont façonné mes opinions professionnelles en tant que personne. Elles ont probablement trouvé un écho en moi parce que, en tant que femme noire, je peux voir des comportements à caractère raciste, entendre des propos chargés de préjugés et ressentir lorsque des personnes affirment leur pouvoir d’une certaine manière. Je dois dire que j’ai été tout autant influencée (et irritée) par les comportements autodestructeurs et les propos autovictimisants. 

 

3. Quels sont vos espoirs pour l’avenir et quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent travailler dans le domaine de la coopération internationale ?  

J’espère que le programme de transfert de pouvoir, souvent appelé localisation, prendra de l’ampleur et transformera les pratiques de la coopération internationale. Celles et ceux qui souhaitent travailler dans ce secteur devraient être à l’aise non pas avec le présent du secteur, mais plutôt avec un avenir où le pouvoir et l’autorité seront répartis plus équitablement. 

 

Carelle Mang-Benza

Carelle Mang-Benza

Responsable des politiques
MHN 2024 – Entretien avec Musu Taylor-Lewis

Acteur-trice-s, innovateur-trice-s et perturbateur-trice-s noir-e-s qui façonnent le secteur de la coopération internationale du Canada

En ce Mois de l’histoire des personnes noires, Coopération Canada souhaite mettre en lumière les remarquables acteur-trice-s, innovateur-trice-s et perturbateur-trice-s noir-e-s qui façonnent le secteur de la coopération internationale du Canada.

Coopération Canada mettra en lumière des membres de son équipe et de son réseau afin d’en apprendre davantage sur leurs histoires et leurs expériences.

BHM2024_ENG_Quote
BHM2024_ENG_Quote
MHN 2024 – Entretien avec Musu Taylor-Lewis

MHN 2024 – Entretien avec Andy Ouédraogo

Entretien avec Andy Ouédraogo, agente de recherche et de programme à Coopération Canada

 

1. Pourquoi avez-vous décidé de travailler dans le domaine de la coopération internationale et quels ont été les points forts de votre carrière ?

En grandissant, mes parents m’ont guidée, m’inspirant un engagement profond pour le service à la communauté et le leadership compatissant. Cette éducation m’a inculqué une profonde passion pour l’humanitaire et le développement. Cependant, le moment décisif qui a propulsé ma carrière dans la coopération internationale s’est produit en 2016. Lors d’un voyage de retour vers la capitale du Burkina Faso, ma famille et moi avons été confrontés à une scène d’accident pénible, l’absence d’intervention d’urgence a laissé des personnes gravement blessées en attente d’une ambulance pendant deux heures angoissantes. Ayant vécu au Canada pendant deux ans à l’époque, le contraste entre le Nord et le Sud est devenu flagrant. Cette expérience, associée à l’escalade de la crise humanitaire dans mon pays d’origine, m’a poussé à réorienter ma carrière de la gestion d’entreprise vers le développement international. Des années plus tard, c’est toujours la pierre angulaire morale de ma quête d’un monde non seulement plus sûr, mais aussi marqué par l’équité et la justice. 

 

Quels ont été les points forts de votre carrière ?

La réception du Prix Henderson pour le développement international en 2020 a marqué un tournant dans ma carrière, en reconnaissant mon rôle dans la conception d’une initiative locale pour l’aide humanitaire en cas de crise. Ce projet visait à autonomiser les femmes déplacées à l’intérieur de leur pays grâce à des programmes de formation professionnelle et d’apprentissage, en remettant en question les pratiques d’aide conventionnelles et en encourageant l’autonomie grâce à la participation des femmes déplacées à l’intérieur de leur pays à l’économie (formelle et informelle). 

Un autre moment décisif de ma carrière s’est déroulé pendant la pandémie de COVID-19, lorsque j’ai eu le privilège de travailler pour le 76e président de l’Assemblée générale des Nations unies. Pendant cette période de crise, qui a mis en évidence les disparités raciales et ethniques, en particulier avec les femmes noires qui portent un fardeau disproportionné, faire partie d’une présidence historique porteuse d’espoir a eu une signification particulière pour moi en tant que jeune femme noire, naviguant dans un paysage professionnel où la représentation reste un énorme défi. 

Enfin, alors que je réfléchis à mon rôle actuel en tant que responsable de l‘Initiative futurs de la coopération mondiale à Coopération Canada, je suis fière de contribuer à un récit plus inclusif du développement mondial. Ce projet de prospective stratégique ne favorise pas seulement l’innovation, mais souligne l’importance de la diversité pour naviguer dans les complexités du développement international et tracer collectivement de nouvelles voies vers un avenir que nous désirons tous-tes. 

 

3. What experiences have influenced your career as a Black person in the international cooperation sector? 

Tout au long de ma carrière, mes expériences en tant que professionnelle noire ont été marquées par des opportunités et des défis. Si j’ai eu la chance de participer à des initiatives favorisant la diversité et l’inclusion, le fait d’entrer dans des espaces professionnels majoritairement blancs a engendré des pressions uniques. Dans ces environnements, le poids de la représentation d’une communauté entière peut être palpable, créant un fardeau qui va au-delà des responsabilités professionnelles. J’ai parfois craint de renforcer les stéréotypes par inadvertance et j’ai subi la pression supplémentaire d’avoir un impact potentiel sur les opportunités offertes à d’autres personnes ayant les mêmes origines que moi. En outre, j’ai rencontré des cas des suppositions fondées sur mes origines ont influencé les attentes concernant mes opinions. La gestion de ces complexités met en évidence le besoin permanent d’une véritable inclusion, les individus sont valorisés pour leurs perspectives uniques plutôt que d’être accablés par des idées préconçues liées à leur identité raciale ou ethnique 

 

4. Quels sont vos espoirs pour l’avenir et quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent travailler dans la coopération internationale ?

J’aspire à un avenir marqué par une plus grande inclusivité dans le secteur de la coopération internationale. Mes espoirs portent sur le démantèlement des barrières à l’entrée, en commençant par l’élimination du travail non rémunéré, comme les stages ou les bourses d’études. La prévalence des postes non rémunérés crée un désavantage, en particulier pour les professionnels noirs qui n’ont peut-être pas les moyens financiers de s’engager dans de telles opportunités, ce qui les place dans une situation de départ inéquitable par rapport à leurs homologues. En promouvant l’équité, la diversité, l’inclusion et la justice, nous avons tous-tes la responsabilité de veiller à ce que nos initiatives s’attaquent de manière proactive à ces barrières systémiques sans être entravées par des contraintes de financement perçues. 

Enfin, pour celles et ceux qui aspirent à entrer dans le domaine de la coopération internationale, mon conseil serait de s’ancrer dans leur objectif. Bien que le voyage soit gratifiant, des défis peuvent survenir et donner des raisons de reconsidérer la situation. S’accrocher à sa motivation devient essentiel au milieu de la nature gratifiante mais potentiellement exigeante de ce parcours professionnel. 

 

 

Déclaration sur le mois de l’histoire des personnes noires 2024

Déclaration sur le mois de l’histoire des personnes noires 2024

Alors que nous célébrons le Mois de l’histoire des personnes noires, nous, à Coopération Canada, renouvelons notre engagement envers les principes clés qui sont au cœur de notre travail : l’inclusion, l’équité et la décolonisation. Nous reconnaissons que la construction d’un monde équitable commence par la compréhension, le respect et la solidarité. Nous sommes ravi-e-s de lancer des initiatives tout au long du mois de février afin d’honorer les diverses contributions de la communauté noire à la coopération internationale canadienne, tout en poursuivant les efforts visant à démanteler les systèmes d’oppression. 

Avec plus de 100 organisations canadiennes de développement international et d’aide humanitaire parmi ses membres, Coopération Canada estime que, en tant que secteur, nous devons prendre des mesures concrètes pour s’attaquer à l’héritage des préjugés raciaux et du colonialisme dans le secteur de la coopération internationale. Nous encourageons toutes les personnes intéressées et impliquées dans la coopération internationale à s’inspirer et à se laisser guider par le Cadre sur l’antiracisme du secteur de la coopération internationale du Canada. 

Pour célébrer le Mois de l’histoire des personnes noires cette année, nous lançons une campagne numérique pour mettre en lumière les remarquables acteur-trice-s de changement, les innovateur-trice-s et les perturbateur-trice-s qui façonnent la coopération internationale du Canada. La campagne soulignera et célébrera l’impact de la communauté noire dans notre secteur.  

En 2024, Coopération Canada publiera également sa stratégie et son plan d’action en matière de lutte contre le racisme, d’équité, de diversité, d’inclusion et de justice. Après près de deux ans d’engagement et de mobilisation de la part du conseil d’administration et de l’équipe de Coopération Canada, ainsi que de l’aide d’expert-e-s, la nouvelle stratégie vise à renforcer la lutte contre le racisme dans la mise en œuvre des pratiques organisationnelles internes et dans le travail général de l’organisation. 

Coopération Canada poursuivra également les discussions avec ses membres pour réviser son Code d’éthique, en gardant à l’esprit que la décolonisation et l’antiracisme sont des pratiques qui nécessitent un engagement et des efforts personnels et organisationnels.  

Bien que nous allouions du temps à notre équipe pour réfléchir à la violence historique, aux injustices systémiques et à la résilience des communautés africaines, caribéennes et noires, nous reconnaissons que ces réflexions et ces engagements doivent aller au-delà du Mois de l’histoire des personnes noires. Nous nous réjouissons de poursuivre nos efforts de décolonisation, de démantèlement des structures historiques d’oppression, de défense de l’équité et d’amplification des voix marginalisées bien après le mois de février.