Entretien avec Musu Taylor-Lewis, directrice générale de Food for the Hungry

 

1. Pourquoi avez-vous décidé de travailler dans le domaine de la coopération internationale et quels ont été les points forts de votre carrière ?  

Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu contribuer au développement économique. Ma famille est originaire de Sierra Leone et mes parents nous ont inculqué le sens de la responsabilité communautaire. Le fait d’avoir grandi dans différentes parties du monde m’a rendu très consciente de l’inégalité des chances dont bénéficient les gens en fonction de leur lieu de naissance et je n’ai jamais été à l’aise avec cette réalité. 

Les rencontres avec des personnes dont j’avais écrit ou raconté l’histoire dans des rapports de projet sont des moments forts de ma carrière. C’est un rappel profond de notre responsabilité en tant que médiateur-trice-s de ces histoires, avec humilité et attention. Avoir été membre du comité consultatif inaugural pour l’élaboration d’un plan d’action contre le racisme pour le secteur canadien de la coopération internationale et avoir pu contribuer à la production d’un cadre pour le changement antiraciste. Je ne saurais décrire ce que j’ai ressenti lorsque le premier rapport a été achevé. Il représentait vraiment son nom en tant qu’engagement collectif en faveur du changement et mon cœur a chanté ! 

 

2. Quelles sont les expériences qui ont influencé votre carrière en tant que personne noire dans le secteur de la coopération internationale ?  

L’histoire de ma tante Amina. La sœur de mon père n’a jamais eu la possibilité d’aller à l’école et lorsque je pense à la disparité de sa vie et de celle de ses frères et à la différence que cela continue de faire pour mes frères et sœurs et nos cousins, je reste consciente que l’inégalité affecte les générations. Il est donc très personnel pour moi de voir les disparités s’étendre aux niveaux national et international. Cela signifie que des communautés entières sont mises à l’écart, au détriment de nous tous-tes. L’humanité ne peut pas atteindre son plein potentiel tant que tant de personnes sont empêchées d’apporter les contributions dont elles sont capables, si on leur donne les bonnes opportunités. 

 

3. Quels sont vos espoirs pour l’avenir et quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent travailler dans le domaine de la coopération internationale ?  

Je suis une idéaliste inconditionnelle. J’espère un avenir chacun aura la possibilité de réaliser son plein potentiel. Un avenir les services de santé, l’alimentation et l’éducation ne seront pas un luxe pour quiconque dans le monde, quel que soit l’endroit il vit ou son niveau de richesse. Je dirais à celles et ceux qui entrent dans le secteur qu’il ne s’agit pas d’un travail de super-héros ou de super-héroïne, qu’il n’y a pas de formule magique pour le changement, qu’il s’agit d’un lent travail de collaboration pour ébranler les structures qui désavantagent les différents peuples. Vous ne pourrez peut-être pas changer le monde entier, mais vous pouvez effectuer un changement dans le monde, il suffit de trouver un coin et de commencer à tailler dans le vif, vous trouverez d’autres personnes sur qui vous appuyer. L’idéalisme doit être tempéré par le réalisme afin de ne pas s’épuiser ou perdre ses illusions.