Entretien avec Carelle Mang-Benza, responsable des politiques à Coopération Canada

 

1. Pourquoi avez-vous décidé de travailler dans le domaine de la coopération internationale et quels ont été les points forts de votre carrière ?  

Lorsque j’ai travaillé pour la première fois avec un donateur bilatéral, il y a de nombreuses années, j’étais plus intéressée par le sujet (la politique environnementale) que par le secteur de la coopération internationale. J’ai progressivement découvert, apprécié et critiqué le secteur, en passant de la coopération bilatérale à la coopération multilatérale. 

Tout ce que je considère comme un point fort de ma carrière est lié aux expériences humaines vécues dans et avec les pays où les programmes sont mis en œuvre : cette conversation avec une adolescente victime d’abus sexuels dans un camp de personnes déplacées ; ce garçon de 10 ans qui a fait part des observations de sa grand-mère sur les variations climatiques au cours de sa vie ; cet agriculteur chevronné qui a trouvé l’audace de partager son expérience en matière de gestion des terres devant les experts en agriculture ; ce collègue de l’ONU dont le manque de financement du programme a été résolu par la communauté locale et ses parents de la diaspora ; et tant d’autres encore… 

 

2. Quelles sont les expériences qui ont influencé votre carrière en tant que personne noire dans le secteur de la coopération internationale ?  

Les expériences susmentionnées ont façonné mes opinions professionnelles en tant que personne. Elles ont probablement trouvé un écho en moi parce que, en tant que femme noire, je peux voir des comportements à caractère raciste, entendre des propos chargés de préjugés et ressentir lorsque des personnes affirment leur pouvoir d’une certaine manière. Je dois dire que j’ai été tout autant influencée (et irritée) par les comportements autodestructeurs et les propos autovictimisants. 

 

3. Quels sont vos espoirs pour l’avenir et quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent travailler dans le domaine de la coopération internationale ?  

J’espère que le programme de transfert de pouvoir, souvent appelé localisation, prendra de l’ampleur et transformera les pratiques de la coopération internationale. Celles et ceux qui souhaitent travailler dans ce secteur devraient être à l’aise non pas avec le présent du secteur, mais plutôt avec un avenir où le pouvoir et l’autorité seront répartis plus équitablement. 

 

Carelle Mang-Benza

Carelle Mang-Benza

Responsable des politiques