Entretien avec Andy Ouédraogo, agente de recherche et de programme à Coopération Canada

 

1. Pourquoi avez-vous décidé de travailler dans le domaine de la coopération internationale et quels ont été les points forts de votre carrière ?

En grandissant, mes parents m’ont guidée, m’inspirant un engagement profond pour le service à la communauté et le leadership compatissant. Cette éducation m’a inculqué une profonde passion pour l’humanitaire et le développement. Cependant, le moment décisif qui a propulsé ma carrière dans la coopération internationale s’est produit en 2016. Lors d’un voyage de retour vers la capitale du Burkina Faso, ma famille et moi avons été confrontés à une scène d’accident pénible, l’absence d’intervention d’urgence a laissé des personnes gravement blessées en attente d’une ambulance pendant deux heures angoissantes. Ayant vécu au Canada pendant deux ans à l’époque, le contraste entre le Nord et le Sud est devenu flagrant. Cette expérience, associée à l’escalade de la crise humanitaire dans mon pays d’origine, m’a poussé à réorienter ma carrière de la gestion d’entreprise vers le développement international. Des années plus tard, c’est toujours la pierre angulaire morale de ma quête d’un monde non seulement plus sûr, mais aussi marqué par l’équité et la justice. 

 

Quels ont été les points forts de votre carrière ?

La réception du Prix Henderson pour le développement international en 2020 a marqué un tournant dans ma carrière, en reconnaissant mon rôle dans la conception d’une initiative locale pour l’aide humanitaire en cas de crise. Ce projet visait à autonomiser les femmes déplacées à l’intérieur de leur pays grâce à des programmes de formation professionnelle et d’apprentissage, en remettant en question les pratiques d’aide conventionnelles et en encourageant l’autonomie grâce à la participation des femmes déplacées à l’intérieur de leur pays à l’économie (formelle et informelle). 

Un autre moment décisif de ma carrière s’est déroulé pendant la pandémie de COVID-19, lorsque j’ai eu le privilège de travailler pour le 76e président de l’Assemblée générale des Nations unies. Pendant cette période de crise, qui a mis en évidence les disparités raciales et ethniques, en particulier avec les femmes noires qui portent un fardeau disproportionné, faire partie d’une présidence historique porteuse d’espoir a eu une signification particulière pour moi en tant que jeune femme noire, naviguant dans un paysage professionnel où la représentation reste un énorme défi. 

Enfin, alors que je réfléchis à mon rôle actuel en tant que responsable de l‘Initiative futurs de la coopération mondiale à Coopération Canada, je suis fière de contribuer à un récit plus inclusif du développement mondial. Ce projet de prospective stratégique ne favorise pas seulement l’innovation, mais souligne l’importance de la diversité pour naviguer dans les complexités du développement international et tracer collectivement de nouvelles voies vers un avenir que nous désirons tous-tes. 

 

3. What experiences have influenced your career as a Black person in the international cooperation sector? 

Tout au long de ma carrière, mes expériences en tant que professionnelle noire ont été marquées par des opportunités et des défis. Si j’ai eu la chance de participer à des initiatives favorisant la diversité et l’inclusion, le fait d’entrer dans des espaces professionnels majoritairement blancs a engendré des pressions uniques. Dans ces environnements, le poids de la représentation d’une communauté entière peut être palpable, créant un fardeau qui va au-delà des responsabilités professionnelles. J’ai parfois craint de renforcer les stéréotypes par inadvertance et j’ai subi la pression supplémentaire d’avoir un impact potentiel sur les opportunités offertes à d’autres personnes ayant les mêmes origines que moi. En outre, j’ai rencontré des cas des suppositions fondées sur mes origines ont influencé les attentes concernant mes opinions. La gestion de ces complexités met en évidence le besoin permanent d’une véritable inclusion, les individus sont valorisés pour leurs perspectives uniques plutôt que d’être accablés par des idées préconçues liées à leur identité raciale ou ethnique 

 

4. Quels sont vos espoirs pour l’avenir et quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent travailler dans la coopération internationale ?

J’aspire à un avenir marqué par une plus grande inclusivité dans le secteur de la coopération internationale. Mes espoirs portent sur le démantèlement des barrières à l’entrée, en commençant par l’élimination du travail non rémunéré, comme les stages ou les bourses d’études. La prévalence des postes non rémunérés crée un désavantage, en particulier pour les professionnels noirs qui n’ont peut-être pas les moyens financiers de s’engager dans de telles opportunités, ce qui les place dans une situation de départ inéquitable par rapport à leurs homologues. En promouvant l’équité, la diversité, l’inclusion et la justice, nous avons tous-tes la responsabilité de veiller à ce que nos initiatives s’attaquent de manière proactive à ces barrières systémiques sans être entravées par des contraintes de financement perçues. 

Enfin, pour celles et ceux qui aspirent à entrer dans le domaine de la coopération internationale, mon conseil serait de s’ancrer dans leur objectif. Bien que le voyage soit gratifiant, des défis peuvent survenir et donner des raisons de reconsidérer la situation. S’accrocher à sa motivation devient essentiel au milieu de la nature gratifiante mais potentiellement exigeante de ce parcours professionnel.