Le G7 est un groupe informel de démocraties avancées qui partagent des valeurs de liberté, de démocratie et de droits de la personne. La plate-forme a vu le jour à Paris en 1975 avec six pays (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Italie, Japon et États-Unis d’Amérique). Le G7 a été créé en 1976 après que les États-Unis eurent demandé l’adhésion du Canada. Les pays du G7 se réunissent chaque année pour coordonner la politique économique mondiale, la sécurité mondiale et aborder d’autres questions transnationales. Cette année, le Sommet du G7 se tiendra du 19 au 21 mai à Hiroshima, au Japon. 

 Parallèlement au processus gouvernemental, des acteurs non étatiques se mobilisent pour porter à l’attention des dirigeant-e-s du G7 les préoccupations de leurs constituant-e-s respectif-ve-s, appelés groupes d’engagement. Dans la perspective du G7 de cette année, Coopération Canada travaille avec les acteur-trice-s de la société civile et le gouvernement canadien pour assurer un dialogue constructif avec les pays du G7. 

 

Le processus du C7 

Le Civil 7, ou C7, est l’un des sept groupes d’engagement officiels représentés au sein du forum du G7. Le C7, coordonné par une coalition de la société civile du pays qui assume la présidence du G7, produit chaque année une série de recommandations politiques pour le sommet des dirigeant-e-s. Cette année, le C7 est dirigé par la coalition de la société civile japonaise, soutenue par un comité directeur international dont fait partie Coopération Canada. Le C7 comprend six groupes de travail : justice climatique et environnementale; justice et transformation économiques; santé mondiale; aide humanitaire et conflits; sociétés ouvertes et résilientes; et désarmement nucléaire.  

Mobilisés les 13 et 14 avril 2023 pour le Sommet du C7 à Tokyo, puis les 16 et 17 avril au Sommet des peuples d’Hiroshima, les représentant-e-s du C7 ont publié des recommandations politiques avant le Sommet du G7 à Hiroshima. Carelle Mang-Benza, responsable des politiques à Coopération Canada, a assisté aux réunions et participé à ce processus. 

 

Le Communiqué du C7 

Le mercredi 12 avril, les représentant-e-s du C7 ont présenté au président du G7 et premier ministre du Japon, Fumio Kishida, les recommandations contenues dans le Communiqué du C7 2023. Ce document est le fruit d’un effort collectif de plus de 700 représentant-e-s de la société civile de 72 pays. Le Communiqué rappelle aux dirigeant-e-s du G7 qu’ils ont la responsabilité et la possibilité de concevoir et de mettre en œuvre des politiques transformatrices pour la paix, la prospérité et la transparence. Après un préambule appelant à ce que le sommet d’Hiroshima soit « noté AAA – ‘Ambition, Action, Responsabilité’ », le communiqué présente les recommandations des six groupes de travail. 

 Le groupe de travail sur le désarmement nucléaire est le premier du genre, né sous la présidence de cette année, compte tenu du contexte de risque nucléaire exacerbé par la guerre en Ukraine. Le groupe de travail recommande aux dirigeant-e-s du G7 de reconnaître les dommages causés par les armes nucléaires, de s’engager à réduire le risque nucléaire et de réaffecter au désarmement les ressources consacrées à l’arsenal nucléaire.  

Constatant que les économies du G7 sont largement responsables de la crise climatique, le groupe de travail sur la justice climatique et environnementale appelle les dirigeant-e-s du G7 à tirer parti de leur pouvoir pour dissocier les économies des combustibles fossiles, faire face aux impacts du changement climatique, notamment en fournissant un financement adéquat au Fonds des pertes et dommages, protéger et restaurer les écosystèmes, ainsi que promouvoir des systèmes alimentaires durables et des institutions financières respectueuses de l’environnement. 

Le groupe de travail sur la justice et la transformation économiques appelle le G7 à piloter la transformation de l’ensemble du système nécessaire pour répondre aux crises multiples, notamment en réformant l’architecture internationale de la dette et de la fiscalité, en réinventant l’Organisation mondiale du commerce, en appliquant une législation obligatoire en matière de droits de la personne et de diligence raisonnable en matière d’environnement, et en promouvant une économie numérique inclusive et digne de confiance. 

Les recommandations du groupe de travail sur la santé mondiale soulignent la protection et la promotion de l’équité en matière de santé et de la solidarité mondiale afin de garantir les droits de chacun au meilleur état de santé physique et mentale possible. Pour ce faire, les dirigeant-e-s du G7 doivent investir dans la couverture sanitaire universelle, renforcer l’infrastructure sanitaire mondiale en tirant les leçons de la pandémie de grippe aviaire de 19 ans, et donner la priorité aux politiques co-bénéfiques en matière de santé et d’environnement. 

Reconnaissant que le système humanitaire soit soumis à d’énormes pressions, le groupe de travail sur l’aide humanitaire et les conflits demande aux dirigeant-e-s du G7 de réimaginer un système humanitaire qui anticipe réellement les besoins, donne la priorité aux personnes les plus menacées et préserve un espace indépendant des agendas politiques. 

Le groupe de travail sur les sociétés ouvertes et résilientes plaide pour des sociétés plus démocratiques et plus justes, et pour la protection de l’action de la société civile. Le groupe de travail demande au G7 de respecter les principes des droits de la personne en paroles et en actes, chez lui et à l’étranger, en s’engageant à lutter contre les violations des droits de la personne, la discrimination à l’égard des minorités, la corruption et les restrictions de l’espace civique. 

 

Le sommet du C7 

Le Communiqué a été remis publiquement au sherpa du G7, le ministre d’État aux Affaires étrangères du Japon, le premier jour du Sommet du C7. Le sommet a réuni les participant-e-s en personne et en ligne lors de sessions plénières, y compris un panel de mise en scène avec le sous-sherpa du G7 du Japon, modéré par Coopération Canada, et plusieurs sessions en petits groupes dirigées par les différents groupes de travail. 

La collaboration a été un aspect important du sommet. Les dirigeant-e-s japonais-e-s du C7 ont tenu à assurer la présence à Tokyo d’acteurs de la société civile du Sud afin de démontrer la nature mondiale du processus du C7 au-delà des pays du G7. La coalition du C7 a également organisé une table ronde avec des représentant-e-s d’autres groupes d’engagement du G7, notamment Labour7, qui a publié une déclaration commune du C7 après le sommet, Pride7, Science7, Think7, Women7, un groupe qui est devenu officiel en 2018 lorsque le Canada a exercé la présidence du G7 pour la dernière fois, et Youth7. 

 

Le Sommet des peuples 

Les représentant-e-s du C7 se sont joint-e-s aux citoyens d’Hiroshima lors du Sommet des peuples organisé les 16 et 17 avril 2023, afin de souligner l’importance du lieu et son message de paix avant la réunion du G7. La ville d’Hiroshima, qualifiée de ville internationale de la paix, renaît littéralement de ses cendres après la dévastation causée par la première bombe atomique lancée par les États-Unis en 1945. Dans le contexte actuel d’instabilité mondiale et de risque nucléaire croissant, il n’est pas surprenant que le Japon ait choisi d’accueillir le sommet du G7 de mai à Hiroshima.  

Tout au long du Sommet des peuples, la présence et les témoignages des Hibakusha (survivant-e-s de la bombe atomique) ont rappelé avec force l’inhumanité des armes nucléaires et la nécessité urgente de s’engager pour leur abolition dans le monde entier. Reconnaissant que certaines voix voudraient que le Japon devienne un pays « normal » qui investit davantage dans la défense et l’armement, les participant-e-s au Sommet des peuples ont demandé que le Japon soit un pays « spécial », un pays qui se souvient des horreurs de la guerre et des armes nucléaires et qui est déterminé à ce que cela ne se reproduise plus. 

 

Les organisations canadiennes s’engagent en vue du Sommet du G7 et au-delà 

Coopération Canada et certains de ses membres se sont engagés auprès du gouvernement afin de comprendre les priorités du Canada pour le Sommet du G7 de cette année. Des représentant-e-s du Humanitarian Policy and Advocacy Group (HPAG) ont rencontré le 27 avril Gallit Dobner, directeur exécutif d’Affaires mondiales Canada et sous-sherpa du G7/G20, afin de comprendre les priorités du Canada pour le Sommet du G7, en particulier en ce qui concerne la crise de la faim et la prévention de la famine. Les représentant-e-s de HPAG apprécient que le communiqué des ministres des affaires étrangères d’avril 2023 réaffirme l’engagement du G7 à l’égard du pacte de prévention de la famine, mais ils espèrent que ce pacte sera actualisé pour tenir compte des défis actuels. Les représentant-e-s ont également souligné les possibilités de contribuer aux conversations futures sur la nutrition et la sécurité alimentaire dans le cadre du processus du G20 cette année et sous la présidence de l’Italie en 2024. 

Le 2 mai, Coopération Canada a participé à une réunion avec David Morrison, sous-ministre des Affaires étrangères et sherpa du G7, ainsi qu’avec d’autres groupes d’engagement, officiels comme Business7, Science7, Think7, Women7 et Youth7, et non officiels comme Pride7, University7 et Urban7. Le sherpa a ouvert la réunion en évoquant les changements radicaux et les crises complexes qui assaillent le monde, après des décennies de prospérité pour les pays du G7. Ce contexte de polycrise, évidemment dominé par la guerre en Ukraine, a conduit à des niveaux d’engagement sans précédent entre les pays du G7 depuis 2022 : les chefs d’État se sont réunis six fois, tandis que les ministres des affaires étrangères se sont rencontrés à 12 reprises. Coopération Canada a profité de cette réunion pour partager les principales recommandations du Communiqué du C7. 

Alors que Coopération Canada s’engage dans ce processus du G7, nous nous tournons également vers 2025, date à laquelle le Canada assurera la présidence du G7. Nous sommes impatient-e-s de nous engager avec les membres de Coopération Canada et d’autres partenaires du Canada dans le monde entier, dans la perspective de 2025. Nous pensons que des synergies positives et un dialogue constructif entre la société civile et le gouvernement sont essentiels pour surmonter les crises actuelles qui se croisent, et qu’ils sont indispensables à nos efforts collectifs pour œuvrer en faveur d’un monde plus juste, plus sûr et plus durable pour tous-tes. 

 

 

Andy Ouedraogo

Andy Ouedraogo

Agente de recherche et de programme
Carelle Mang-Benza

Carelle Mang-Benza

Responsable des politiques
Darron Seller-Peritz

Darron Seller-Peritz

Analyste politique et responsable de programme
Nicolas Parent

Nicolas Parent

Agent de politique