Protection des humanitaires et soignants dans les conflits armés- Une responsabilité partagée

Protection des humanitaires et soignants dans les conflits armés- Une responsabilité partagée

Ottawa, le 17 septembre 2024 – Dans le cadre d’un panel organisé par Médecins du Monde Canada, Olivier Vandecasteele, travailleur humanitaire belge et fondateur de Protect Humanitarians, s’est exprimé aujourd’hui au Centre mondial du Pluralisme à Ottawa. Cette conférence visait à faire avancer les engagements du secteur humanitaire canadien afin de renforcer la protection des travailleurs et travailleuses humanitaires et de santé qui prodiguent des soins et du soutien à la population locale lors de conflits armés. En collaboration avec l’Ambassade de Belgique et d’autres organisations et coalitions du secteur humanitaire canadien, le panel a souligné les responsabilités partagées des États et des ONG (organisations non gouvernementales) dans l’amélioration de ces mesures de protection.

Multiplication des attaques contre les travailleurs humanitaires

En 2024, alors que les conflits armés se multiplient et s’intensifient, 299,4 millions de personnes dans le monde ont besoin d’aide humanitaire. Pour apporter une aide vitale à ces populations durement affectées par les conflits, les personnels humanitaires et de santé sont amenés à travailler dans des environnements de plus en plus dangereux. En 2023, selon le Aid Worker Security Report, il est estimé que 595 travailleurs et travailleuses humanitaires ont été victimes d’attaques et de violences à travers le monde, dont 280 ont été tués, 224 blessés et 91 kidnappés. Il s’agit d’un sombre record, ce nombre de travailleurs humanitaires tués par la violence étant le plus élevé jamais enregistré.

Le droit international humanitaire (DIH) et les principes humanitaires sont à la base de la protection des actions humanitaires et des missions médicales. Pourtant, malgré les protections, les défis pour garantir la sécurité des humanitaires et des professionnels de santé dans les conflits armés sont croissants.

Dans le monde entier, nous assistons non seulement à une escalade, mais également à une normalisation de la violence contre les humanitaires qui sont pris pour cible.

« La situation est critique et compromet nos capacités d’intervention à un moment où les besoins sont criants plus que jamais. Nous avons besoin d’une approche concertée de l’ensemble des acteurs. Les États, dont le Canada, ainsi que la communauté internationale doivent aussi partager les responsabilités. Agissons ensemble pour alléger le fardeau de risque des premiers répondants ; c’est une priorité », a souligné Nadja Pollaert, directrice générale de Médecins du Monde Canada.

En 2023, Médecins du Monde, Humanité et Inclusion, et Action contre la Faim ont publié le rapport intitulé « Les risques auxquels nous sommes confrontés dépassent l’entendement : renforcer la protection des personnels humanitaires et médicaux ». Ce rapport met en lumière les principaux défis et demandes des organisations pour assurer la sécurité des personnels humanitaires et de santé.

Appel à des actions concrètes et une responsabilité partagée

Nous appelons les parties aux conflits, mais aussi les États, à agir concrètement afin de protéger les personnels humanitaires et de santé contre toute forme de violence, notamment en condamnant ces violations et en luttant contre leur impunité.

Le système humanitaire repose sur le personnel local, qui constitue 95 % des victimes, alors qu’il est en première ligne là où les besoins sont les plus importants. Pourtant, aujourd’hui, ce personnel est le moins protégé, équipé et soutenu. Nous demandons que les États et les ONG internationales partagent les ressources et priorisent le soutien aux associations locales afin qu’elles puissent gérer leur propre sécurité.

Pour assurer la sécurité de leur personnel, les organisations doivent mettre en place des stratégies pour à la fois prévenir et répondre aux risques. Cela veut dire, par exemple, s’équiper de matériel, former leur personnel, ou encore avoir des personnes dédiées à la gestion de la sécurité. Nous demandons aux acteurs qui financent l’aide de financer systématiquement les coûts liés à la gestion de la sécurité et au soutien des humanitaires ciblés et victimes.

« Sans protection du personnel humanitaire, il n’y a pas d’aide humanitaire efficace pour les populations civiles qui sont les premières victimes des conflits. Nous demandons aux États de s’attaquer à l’impunité quasi-totale dont profitent les auteurs des attaques, et d’accroître l’assistance juridique offerte aux survivants et aux familles des victimes, afin que les auteurs soient progressivement traduits en justice. Nous demandons aux donateurs et aux dirigeants d’ONG d’investir dans le soutien à la santé mentale des travailleurs humanitaires, qui sont de plus en plus confrontés à des événements traumatisants. Des initiatives telles que Protect Humanitarians visent à donner une voix aux humanitaires locaux dans les efforts mondiaux de plaidoyer pour la protection des travailleurs humanitaires », a expliqué Olivier Vandecasteele, humanitaire et fondateur de Protect Humanitarians.

Au-delà du tribut payé par les humanitaires et les travailleurs de santé, cette intensification des violences a également un impact considérable sur les populations civiles prises au piège par les conflits. Celles-ci sont non seulement victimes de conflits de plus en plus longs et de situations d’urgence plus complexes, elles sont aussi parfois délibérément privées d’une assistance et d’une protection humanitaires vitales.

Les travailleurs et travailleuses humanitaires et de santé doivent être mieux protégés, le plus rapidement possible, afin que les besoins et soins vitaux puissent continuer à être prodigués aux populations civiles affectées par ces conflits armés.

Déclaration publique conjointe sur le Soudan

Déclaration publique conjointe sur le Soudan

Madame la ministre Joly, monsieur le ministre Hussen,

Aujourd’hui marque le 500e jour depuis l’éclat d’un conflit violent dans la capitale du Soudan, déclenchant une violence et une instabilité généralisées dans tout le pays et dans la région. Ce conflit a dévasté des millions de vies, entraînant des pertes inimaginables, des souffrances physiques et émotionnelles et des violations flagrantes des droits de la personne. Les femmes et les enfants restent particulièrement vulnérables dans ce contexte.

Selon les chiffres les plus récents, plus de la moitié de la population du Soudan (26 millions) est confrontée à une faim aiguë, le conflit poussant les communautés de cet État à la famine. La crise de la faim a eu des répercussions importantes sur les femmes et les jeunes filles, notamment en augmentant les taux de violence fondée sur le genre et de violence sexuelle. On estime que 10,7 millions de personnes sont actuellement déplacées à l’intérieur du Soudan, et le HCR estime que 220 000 personnes réfugiées et rapatriées supplémentaires ont quitté le Soudan depuis l’éclatement du conflit entre les Forces armées soudanaises (SAF) et les Forces de soutien rapide (RSF) à la mi-avril 2023. Au total, 52% des personnes déplacées sont des enfants, dont plus de 2 millions ont moins de cinq ans. 

Avant ce conflit, le Soudan était déjà confronté à la pire crise humanitaire de son histoire récente. Les conflits localisés existants, les catastrophes naturelles, les épidémies, la faim et la dégradation économique avaient déjà menacé la vie et l’avenir de millions d’enfants. L’année dernière, le nombre de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire a augmenté de 58 %. Cette situation est exacerbée par l’instabilité croissante de la situation sécuritaire au Soudan, qui est désormais l’un des environnements les plus dangereux et les plus complexes pour l’acheminement de l’aide humanitaire.

Nous reconnaissons que le gouvernement du Canada a pris des mesures en réponse à la situation au Soudan, notamment en imposant des sanctions à des personnalités clés contribuant au conflit et en annonçant une aide internationale de 132,2 millions de dollars, dont 100,7 millions de dollars pour l’aide humanitaire et 31,5 millions de dollars pour l’aide au développement. 

Toutefois, compte tenu de l’augmentation rapide des besoins de la population soudanaise, nous demandons expressément au gouvernement du Canada d’accroître les efforts coordonnés pour mettre fin aux hostilités, garantir l’accès de l’aide humanitaire pour répondre aux besoins et œuvrer en faveur de la réconciliation. 

Nous demandons au gouvernement du Canada de:

    1. Démontrer un leadership politique fort en renforçant l’engagement diplomatique pour obtenir un cessez-le-feu et un accord politique durable et en soutenant divers groupes de la société civile soudanaise, y compris les organisations de jeunes et de femmes, dans le processus de paix.
    2. Prioriser l’allocation de nouveaux fonds aux questions liées aux déplacements forcés, à la protection des civils, au respect des droits de la personne et à la fourniture d’une aide d’urgence, y compris une assistance alimentaire, des soins de santé et des abris.
    3. Promouvoir l’accès humanitaire par des pressions diplomatiques afin d’assurer la livraison de biens et de services humanitaires nécessaires pour alléger les souffrances des civils soudanais, en particulier des femmes et des jeunes filles.
    4. Considérer une approche « nexus » qui tienne compte à la fois des besoins immédiats et anticipés de la population soudanaise, en veillant à ce que les réponses actuelles soient alignées sur les ramifications à long terme de cette crise et sur les exigences en matière de développement, de réhabilitation, de maintien de la paix et de réconciliation.
    5. Accroître l’importance accordée à la protection de l’enfance en consacrant des ressources à des programmes visant à prévenir les violations des droits de l’enfant. Les efforts devraient inclure une approche de transformation du genre, garantissant la protection des filles qui sont confrontées à des risques accrus de violences sexuelles et basées sur le genre, d’enlèvements et de mariages forcés.

Nous vous remercions, madame la ministre Joly et monsieur le ministre Hussen, pour l’attention urgente que vous porterez à ces recommandations. Nous restons à votre disposition pour toute autre discussion avec vous et vos ministères respectifs.

 

Sincèrement,

Kate Higgins, directrice générale, Coopération Canada

Usama Khan,directeur général, Islamic Relief Canada

Lindsay Glassco, directrice générale, Plan International Canada

Guy Smagghe, directeur, Presbyterian World Service & Development

Andy Harrington, directeur exécutif, Canadian Foodgrains Bank

Carl Hétu, directeur général, Développement et paix – Caritas Canada

Mahmuda Khan, directrice générale mondiale, Human Concern International 

Michael Messenger, président et directeur général, Vision mondiale Canada

Onome Ako, directrice générale, Action Against Hunger Canada

Taryn Russell, directrice exécutive par intérim, Results Canada 

Richard Morgan, directeur exécutif, Coalition humanitaire

Danny Glenwright, président et directeur général, Save the Children Canada

Rano Mansurova, représentante de pays, Acted Canada 

Lisa Breton-Kletke, directrice exécutive par intérim, Canadian Lutheran World Relief

Anne Delorme, directrice générale, Humanité & Inclusion Canada

Lauren Ravon, directrice exécutive, Oxfam Canada

Jess Tomlin, directrice générale, Equality Fund

Rapport sur les perspectives régionales concernant les signes de changement et les visions de l’avenir de la coopération mondiale

Rapport sur les perspectives régionales concernant les signes de changement et les visions de l’avenir de la coopération mondiale

Coopération Canada est fière de présenter le Rapport sur les perspectives régionales, une nouvelle publication de notre Initiative futurs de la coopération mondiale. Le rapport révèle des informations et des perspectives précieuses recueillies lors d’une série de dialogues régionaux menés en Afrique, en Asie, dans les Caraïbes, en Amérique latine et dans les régions du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Il met en lumière les signes critiques de changement aux niveaux régional et mondial et dévoile des visions de la coopération mondiale, chacune étant façonnée de manière unique par les dynamiques régionales et les contextes historiques.

Explorez ici l’éventail des perspectives et des aspirations.

 

Rejoignez-nous au forum Futurs de la coopération internationale 2024

Rejoignez-nous au forum Futurs de la coopération internationale 2024

Rejoignez-nous du 8 au 10 octobre 2024 pour le retour du forum Futurs de la coopération internationale, cette fois au Centre national des Arts (CNA) , situé sur le territoire non cédé de la nation algonquine Anishinabe, connue sous le nom colonial d’Ottawa, au Canada. Cette conférence dynamique vise à rajeunir le secteur de la coopération internationale avec un sentiment renouvelé d’optimisme et d’objectif pour sa deuxième édition.

Une plateforme dynamique pour un partenariat mondial  

Le forum réunira un large éventail de partenaires mondiaux, dont des représentant-e-s de la société civile, des gouvernements, du monde universitaire, de la philanthropie et du secteur privé. Cet événement servira de plateforme dynamique pour envisager l’avenir de la coopération internationale. Grâce à des sessions innovantes, des ateliers interactifs et de nombreuses possibilités de mise en réseau, les participant-e-s exploreront ensemble les moyens de relever les défis mondiaux et de créer des changements positifs. 

Objectifs principaux 

Nos objectifs pour l’édition 2024 s’articulent autour de trois piliers principaux : la connexion, le dialogue et la collaboration. Nous visons à : 

  • Renforcer la connexion et la solidarité pour améliorer la résilience et la pertinence de la coopération internationale canadienne ; 
  • Dynamiser les décideurs et les acteurs du changement grâce à des idées et des échanges tournés vers l’avenir et qui suscitent la réflexion ; et 
  • Susciter et soutenir des partenariats afin d’encourager l’action collective pour un impact plus important et de meilleure qualité. 

Thèmes du forum 

Le forum se concentrera sur les questions clés, les opportunités et les défis auxquels est confronté notre contexte actuel et futur, à la fois au Canada et dans le monde. Les participant-e-s peuvent s’attendre à s’engager sur les sujets suivants : 

  • L’action audacieuse du Canada en matière de réponse humanitaire, de développement et de paix, de financement du développement et de leadership du G7. 
  • Le changement de pouvoir en coopération internationale grâce à la localisation, au leadership féministe, à la lutte contre le racisme et à la réconciliation. 
  • Engagement sans réserve en faveur de l’espace civique, des droits et de la démocratie par le biais d’une société civile résiliente, d’un progrès technologique responsable et de l’engagement des médias. 
  • Le renforcement de la résilience organisationnelle par la mise en relation avec de nouveaux partenaires, des méthodes de travail créatives et le soutien aux dirigeants émergents. 

Rejoignez-nous pour un voyage transformateur 

Rejoignez-nous au CNA alors que nous entamons un voyage transformateur pour façonner un monde plus inclusif, plus équitable et plus durable grâce à la coopération internationale.  

Coopération Canada au Sommet du G7 2024 en Italie

Coopération Canada au Sommet du G7 2024 en Italie

Coopération Canada a participé au Sommet du G7 2024 en Italie. Cet événement crucial a permis à Coopération Canada et à l’ensemble du secteur de se préparer à mieux assumer le leadership du Civil 7 en 2025, qui coïncidera avec la présidence canadienne du G7. Paul Farran, directeur des politiques et du plaidoyer, et l’équipe des politiques de Coopération Canada, partagent leurs réflexions sur les résultats du Sommet du G7 de 2024. 

 Sur le leadership du Canada au sein du G7 en 2025 

Alors que le Canada prend la tête du G7 à l’occasion de son 50e anniversaire, nous devons montrer l’exemple en relevant les défis cruciaux auxquels le monde est confronté. Qu’il s’agisse de la lutte urgente contre les changements climatiques, de la nécessité d’investissements durables en Afrique ou de la poursuite sans relâche de l’égalité entre les hommes et les femmes, la présidence canadienne doit incarner un leadership progressiste et ambitieux. C’est le moment pour le Canada d’établir un programme audacieux, en démontrant que nous ne faisons pas simplement partie du G7, mais que nous sommes une force directrice pour le progrès et l’équité au niveau mondial. 

Coopération Canada prendra la tête du Groupe civil 7 (C7) en 2025. Nous prévoyons un engagement continu et inclusif au sein du G7 cette année et l’année prochaine avec le gouvernement du Canada. Apprenez-en plus sur la participation de Coopération Canada au Sommet du 7 civil de 2024 en Italie. 

La position du Canada en tant qu’acteur mondial de la coopération internationale 

Alors que des feux brûlent dans toutes les régions du monde, le Canada doit renforcer son rôle d’acteur mondial en faveur d’une plus grande coopération internationale. Cette année, les dirigeant-e-s du G7 ont profité de l’occasion pour affirmer que les démocraties peuvent tenir leurs promesses, en s’appuyant sur les accords conclus sur l’Ukraine et l’Afrique. La plupart des Canadiennes et des Canadiens s’attendent à ce que le Canada joue un rôle important en tant que rassembleur et leader dans la promotion de la solidarité mondiale. Par rapport à ses pairs, le Canada est en queue de peloton pour ce qui est de l’aide au développement qu’il fournit. Cette situation doit être corrigée. La société civile canadienne est prête à poursuivre et à renforcer son engagement auprès du gouvernement canadien pour promouvoir des politiques qui s’appuient sur les initiatives passées et établissent un programme audacieux pour l’avenir. 

Le 50e G7 au Canada en 2025 est un moment fort pour le Canada de susciter des investissements importants et d’attirer l’attention sur la création d’un monde plus juste, plus sûr et plus durable, en remplissant ses obligations en matière de changement climatique au niveau mondial et en continuant à jouer un rôle de chef de file en mettant l’accent sur l’autonomisation des femmes. 

Sur la pertinence du G7 et de l’engagement ouvert 

Il y a 40 ans, le G7 représentait 50 % de l’économie mondiale. Il n’en représente plus que 30 % aujourd’hui. L’évolution de l’influence mondiale du G7 doit s’accompagner d’une modification de son mode de fonctionnement. Les Italien-ne-s ont créé un précédent en invitant un certain nombre de puissances régionales et d’autres partenaires au Sommet. Le Canada a l’occasion de s’inspirer de cette approche et d’impliquer davantage la société civile dans la définition d’une vision compatible non seulement avec la croissance économique, mais surtout avec la justice sociale et la solidarité mondiale. 

Sur l’accent mis sur l’Afrique lors du G7 italien 

Le partenariat avec l’Afrique n’est pas de la charité, c’est une obligation de réparer des décennies d’injustice économique mondiale et de pratiques coloniales et prédatrices persistantes. Il est également clair que le Canada a besoin de l’Afrique plus que l’Afrique n’a besoin du Canada. Les pays du G7 et d’autres pays du monde entier nouent des relations étroites avec le continent africain, notamment dans le cadre du plan italien Mattei et du plan PIGG parrainé par les États-Unis. Le Canada risque de se laisser distancer sans une vision claire et mutuellement bénéfique. Malheureusement, les voix africaines ont été limitées dans l’engagement de ces discussions qui ont un impact direct sur leur continent pendant le G7. La société civile canadienne s’attend à un engagement plus délibéré avec les dirigeants africains et la société civile pour faire avancer cette vision. 

Le Canada a également fait des annonces intéressantes, notamment par le biais de son institution de financement du développement – FINDEV. En allant de l’avant, le Canada a clairement intérêt à proposer une vision cohérente de ses relations avec le continent, sans laquelle il risque de se laisser distancer. Cette vision doit attirer l’attention sur les structures mondiales qui freinent le développement durable et qui sont nécessaires pour transférer le pouvoir aux Africain-ne-s dans la conduite de leur développement. La société civile s’attend également à ce que le Canada poursuive ses efforts en vue de réaliser son ambition d’engager 50 % de son aide au développement en Afrique subsaharienne. 

Sur Israël et la Palestine 

Au cours des huit derniers mois, nous avons vu le gouvernement du Canada démontrer sa capacité à prendre des mesures positives efficaces à plusieurs reprises, notamment en votant en faveur d’un cessez-le-feu le 6 décembre à l’Assemblée générale des Nations Unies et en adoptant le 18 mars une motion visant à mettre fin aux transferts d’armes vers Israël. Aujourd’hui encore, alors que le Parlement se lève pour l’été, le moment est venu pour le Canada de prendre d’autres mesures décisives qui correspondent aux déclarations de soutien au droit international. 

La société civile canadienne attend du Canada qu’il fasse pression sur toutes les parties pour qu’elles acceptent et mettent immédiatement en œuvre la résolution de cessez-le-feu adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies le 10 juin, libérant tous les otages et garantissant qu’il n’y aura pas de nouvelle occupation ou de modification territoriale de Gaza. Il attend en outre l’arrêt de tous les transferts d’armes vers Israël ainsi que des mesures diplomatiques énergiques pour faire pression sur Israël afin qu’il respecte l’arrêt de la Cour internationale de justice et mette fin à l’obstruction de l’aide humanitaire. 

À l’issue de la réunion du G7 qui s’est tenue la semaine dernière, le Canada et les dirigeants du G7 ont « déploré toutes les pertes de vies civiles sur un pied d’égalité et noté avec une grande inquiétude le nombre inacceptable de victimes civiles, en particulier des femmes et des enfants ». Ces mots n’ont aucun sens si des mesures concrètes ne sont pas prises pour garantir le respect constant de la vie humaine et du droit international par toutes les parties. 

Sur l’IA 

Les institutions du monde entier ont du mal à suivre le rythme des avancées technologiques. La plupart des pays et des organisations réagissent plutôt que de planifier de manière proactive les changements induits par les avancées technologiques et l’IA. 

Compte tenu de l’impact potentiel de l’IA sur tous les aspects de la vie humaine, et peut-être encore plus sur les populations vulnérables et désemparées, il est essentiel que les gouvernements, par l’intermédiaire des institutions multilatérales, conviennent d’urgence d’un cadre et de systèmes qui encadrent le développement et l’utilisation de l’IA. Ce faisant, la société civile, au Canada et dans le monde entier, doit avoir un siège à la table, une voix authentique et plurielle. 

Le G7, avec le pouvoir qu’il détient sur le plan économique, ainsi que dans son contrôle de la technologie, a la responsabilité unique d’œuvrer pour un engagement immédiat, coordonné, multilatéral et multipartite sur l’encadrement du développement et de l’utilisation de l’IA d’une manière centrée sur l’être humain. La société civile doit être impliquée dans les processus de prise de décision afin d’éviter les abus et de promouvoir la transparence et la responsabilité dans la mise en œuvre de ces technologies. 

La fracture numérique a exacerbé les inégalités dans le monde. Par exemple, les personnes âgées sont moins connectées que les jeunes, les femmes ont moins accès à l’internet que les hommes, et l’accès à l’internet est nettement plus faible dans les pays à faible revenu. Au sein des pays développés, des disparités importantes existent, comme le fait que seuls 24 % des ménages des communautés autochtones du Canada disposent d’un accès à l’internet à haut débit de qualité, contre 94 % pour l’ensemble de la population. Des mesures concrètes sont nécessaires pour remédier à ces inégalités. 

Sur les changements climatiques 

Il est urgent que les pays du G7, qui font partie de ceux qui ont été historiquement et continuent d’être les plus grands pollueurs, prennent des mesures sérieuses pour abandonner les combustibles fossiles, comme l’a décidé la communauté internationale à Dubaï en 2023. Cela ne peut pas attendre que le Canada prenne la tête du G7 en 2025. La Civil 7 et la société civile canadienne exhortent en outre les pays du G7 et les autres grands pollueurs à mettre en place des mécanismes de financement de la lutte contre les changements climatiques afin de soutenir les populations vulnérables qui subissent de plein fouet le développement incontrôlé des pays à revenu élevé. 

Sur l’avortement 

Les droits des femmes sont actuellement attaqués dans de trop nombreux pays. Nous avons besoin que les acteurs démocratiques, en particulier le Groupe des Sept, défendent les droits de la personne, y compris la santé sexuelle et les droits génésiques. Ces droits fondamentaux doivent inclure un accès sûr et légal à l’avortement. 

Nous sommes déconcertés par le fait qu’en ce moment, le G7 ne s’oppose pas clairement et fermement au mouvement anti-droit en veillant à ce que les femmes conservent la maîtrise de leur propre corps. 

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Lutte transfrontalière : l’expérience des activistes et des défenseur-euse-s des droits de la personne en exil au Canada

Lutte transfrontalière : l’expérience des activistes et des défenseur-euse-s des droits de la personne en exil au Canada

Coopération Canada et Sociétés résilientes sont fiers de lancer Lutte transfrontalière, un rapport sur l’expérience des activistes et des défenseur-euse-s des droits de la personne en exil au Canada.

Financé par le Centre de recherches pour le développement international, ce rapport est basé sur une recherche menée auprès de 27 activistes de l’espace civique et défenseur-e-s des droits humains de douze pays.

Ce projet a permis d’obtenir des informations significatives sur :

1. L’adaptation et les systèmes de soutien au Canada

Les participant-e-s ont souligné la nécessité de mettre en place des systèmes de soutien solides pour favoriser la résilience des activistes et des défenseur-euse-s des droits de la personne en exil au Canada. La collaboration avec les agences gouvernementales compétentes a été jugée essentielle pour rationaliser les voies d’immigration et fournir un soutien durable.

2. Risques liés à l’activisme et à la répression transnationale

Cette recherche a mis en évidence les risques particuliers auxquels sont confrontés les activistes et les défenseur-euse-s des droits de la personne en exil, ce qui nécessite une formation sur mesure pour les institutions chargées de la sécurité publique et l’élaboration de politiques claires pour protéger les libertés fondamentales et les droits de la personne.

3. Reconnaissance et renforcement des capacités

Une meilleure intégration au sein des institutions canadiennes, des programmes de formation ciblés et de meilleures possibilités de mise en réseau sont apparus comme des éléments cruciaux pour renforcer les capacités des activistes et défenseur-euse-s des droits de la personne en exil et promouvoir la collaboration au sein de la communauté.