Ayant un accès limité à l’eau potable dans son petit village du Kenya, Anne a contracté la cécité trachomateuse. Elle a perdu la vue de l’œil droit et une partie de vision de l’œil gauche. Grâce au programme SAFE d’Operation Eyesight (pour « Surgery, Antibiotics, Face washing and hygiene education, and Environmental improvement » qui signifie chirurgie, antibiotiques, nettoyage du visage et éducation sanitaire, et amélioration de l’environnement), Anne a été opérée pour traiter le trachome. Sa douleur a disparu et sa vision restante dans l’œil gauche a été préservée, ce qui lui permet de continuer à subvenir aux besoins de ses neuf enfants.

Dans le cadre de la Semaine de l’égalité des sexes, le CCCI mettra en lumière le travail accompli par certains de nos membres pour promouvoir l’égalité des sexes. Mary G. Alton Mackey, directrice du conseil d’Operation Eyesight Universal, a rédigé ce billet.

Bien plus qu’une question de genre, la cécité est discriminatoire. Les femmes et les filles représentent cinquante-cinq pour cent des aveugles dans le monde. On compte plus de 20 millions de femmes et de filles aveugles et 120 millions qui souffrent d’une déficience visuelle. Quatre personnes aveugles sur cinq ne devraient pas l’être.

Et cette injustice est amplifiée dans les pays en développement. Les femmes doivent surmonter des obstacles supplémentaires à l’accès aux soins oculaires auxquels les hommes ne sont pas confrontés: à savoir le manque d’éducation, un pouvoir de décision restreint, l’accès limité aux ressources financières et la perception d’être de moindre priorité.

Une des raisons qui explique cette disparité est que les femmes vivent plus longtemps que les hommes et sont donc plus susceptibles de développer des maladies oculaires non transmissibles liées à l’âge, comme la cataracte, le glaucome et la dégénérescence maculaire. Mais malgré le fait que les femmes soient plus touchées que les hommes par cette condition, les taux de chirurgie de la cataracte sont plus faibles chez les femmes.

Et cela ne reflète qu’une partie de la situation.

Les femmes et les filles courent un risque accru de contracter le trachome, une maladie infectieuse  oculaire infectieuse qui entraîne une cécité irréversible. Les femmes constituent soixante-dix pour cent des personnes atteintes de cécité trachomateuse. Les très jeunes enfants présentent un risque de trachome et trois fois plus de filles que de garçons en souffrent.

Les femmes et les filles sont particulièrement vulnérables aux  maladies infectieuse oculaires en raison de leurs rôles traditionnels. Les femmes et les filles ont la charge de prendre soin de leurs proches qui souffrent de trachome ou d’autres pathologies oculaires. Cela augmente non seulement leur risque de contracter le trachome, mais cela limite souvent leurs possibilités d’aller à l’école ou de trouver un emploi.

Les femmes aveugles portent le double fardeau de la discrimination en raison de leur handicap et de leur genre, pouvant conduire à l’exclusion sociale. Cela a des répercussions sur leur capacité d’accomplir leurs activités quotidiennes, accroit leur risque de blessure et les rend plus vulnérables à la violence et à la dépression.

Pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies et les objectifs de Vision 2020 de l’Organisation mondiale de la santé, les programmes de soins oculaires doivent éliminer toute forme d’inégalité en matière d’accès aux soins oculaires pour les femmes et les filles. Les programmes de soins oculaires doivent reconnaître que les femmes et les filles ont des besoins, des préférences et des contraintes différents, et qu’elles devraient être au centre des programmes de santé oculaire.

Les organisations doivent travailler en collaboration avec les communautés locales afin de comprendre les obstacles auxquels les femmes sont confrontées, prendre des mesures correctives en matière de formation et de développement des ressources humaines en vue d’assurer un plus grand nombre de femmes dans le système de soins de santé, et éliminer les obstacles à l’accès aux services. En outre, les programmes devraient intégrer les services de santé oculaire dans les établissements de soins de santé maternelle et reproductive afin de permettre aux femmes enceintes d’avoir accès aux tests de dépistage des troubles de la vue, qui ne sont pas administrés systématiquement. Les programmes devraient également sensibiliser les villages où les maladies oculaires demeurent largement non diagnostiquées et non traitées.

Operation Eyesight  travaille en partenariat avec les hôpitaux et gouvernements locaux pour fournir des services de soins oculaires de qualité à tous – quel que soit le genre, l’âge, et la capacité de payer ou autres circonstances personnelles – tout en s’attaquant aux nombreuses causes profondes de la cécité évitable et en s’employant à éliminer les obstacles à l’accès aux soins médicaux, avec pour cible spécifique et délibérée les femmes et les filles. Je suis particulièrement fière de l’accent mis par Operation Eyesight sur la sensibilisation et l’éducation des collectivités. Nous formons des agentes de santé communautaire – des femmes qui vivent et travaillent dans les communautés ciblées – à faire du porte-à-porte pour les tests de dépistage des maladies oculaires et à éduquer les familles sur la santé oculaire et sur des sujets de santé généraux comme les soins prénatals, la nutrition et la vaccination. Cette approche nous permet de rejoindre les femmes et les filles qui, autrement, auraient été exclues, en veillant à ce que celles qui ont des problèmes de santé oculaire soient référées à un hôpital partenaire ou à un centre d’ophtalmologie pour traitement. Les agentes de santé communautaires orientent également les femmes et leur famille vers des établissements de soins de santé primaires pour des soins pré/postnatals, la supplémentation en vitamine A, les vaccinations, etc. Ce ne sont là que quelques exemples de la façon dont Operation Eyesight intègre l’ODD 5 : Égalité entre les sexes dans notre travail quotidien.

Dr. Mary Alton Mackey

Dr. Mary Alton Mackey

Donatrice et membre du Conseil d’administration d’Operation Eyesight Universal

Mary G. Alton Mackey est une consultante internationale en alimentation et en nutrition qui possède une vaste expérience nationale et internationale dans les domaines des politiques et des programmes relatifs à la santé, à l’alimentation et à la nutrition. Son expertise comprend la gestion de projets bilatéraux, l’identification de projets, l’élaboration de propositions, la mise en œuvre et l’évaluation de projets (pour des organisations bilatérales et non gouvernementales).

C’est l’approche communautaire et durable d’Opération Eyesight qui a incité Mary à rejoindre le conseil d’administration.

« Intégrer des activités cliniques de haute qualité à la sensibilisation de la communauté, qui encourage les comportements sains par le biais de l’eau, de l’hygiène et de l’assainissement, est exactement l’approche requise dans la lutte contre la cécité évitable. »