Madame la ministre Joly, monsieur le ministre Hussen,

Aujourd’hui marque le 500e jour depuis l’éclat d’un conflit violent dans la capitale du Soudan, déclenchant une violence et une instabilité généralisées dans tout le pays et dans la région. Ce conflit a dévasté des millions de vies, entraînant des pertes inimaginables, des souffrances physiques et émotionnelles et des violations flagrantes des droits de la personne. Les femmes et les enfants restent particulièrement vulnérables dans ce contexte.

Selon les chiffres les plus récents, plus de la moitié de la population du Soudan (26 millions) est confrontée à une faim aiguë, le conflit poussant les communautés de cet État à la famine. La crise de la faim a eu des répercussions importantes sur les femmes et les jeunes filles, notamment en augmentant les taux de violence fondée sur le genre et de violence sexuelle. On estime que 10,7 millions de personnes sont actuellement déplacées à l’intérieur du Soudan, et le HCR estime que 220 000 personnes réfugiées et rapatriées supplémentaires ont quitté le Soudan depuis l’éclatement du conflit entre les Forces armées soudanaises (SAF) et les Forces de soutien rapide (RSF) à la mi-avril 2023. Au total, 52% des personnes déplacées sont des enfants, dont plus de 2 millions ont moins de cinq ans. 

Avant ce conflit, le Soudan était déjà confronté à la pire crise humanitaire de son histoire récente. Les conflits localisés existants, les catastrophes naturelles, les épidémies, la faim et la dégradation économique avaient déjà menacé la vie et l’avenir de millions d’enfants. L’année dernière, le nombre de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire a augmenté de 58 %. Cette situation est exacerbée par l’instabilité croissante de la situation sécuritaire au Soudan, qui est désormais l’un des environnements les plus dangereux et les plus complexes pour l’acheminement de l’aide humanitaire.

Nous reconnaissons que le gouvernement du Canada a pris des mesures en réponse à la situation au Soudan, notamment en imposant des sanctions à des personnalités clés contribuant au conflit et en annonçant une aide internationale de 132,2 millions de dollars, dont 100,7 millions de dollars pour l’aide humanitaire et 31,5 millions de dollars pour l’aide au développement. 

Toutefois, compte tenu de l’augmentation rapide des besoins de la population soudanaise, nous demandons expressément au gouvernement du Canada d’accroître les efforts coordonnés pour mettre fin aux hostilités, garantir l’accès de l’aide humanitaire pour répondre aux besoins et œuvrer en faveur de la réconciliation. 

Nous demandons au gouvernement du Canada de:

    1. Démontrer un leadership politique fort en renforçant l’engagement diplomatique pour obtenir un cessez-le-feu et un accord politique durable et en soutenant divers groupes de la société civile soudanaise, y compris les organisations de jeunes et de femmes, dans le processus de paix.
    2. Prioriser l’allocation de nouveaux fonds aux questions liées aux déplacements forcés, à la protection des civils, au respect des droits de la personne et à la fourniture d’une aide d’urgence, y compris une assistance alimentaire, des soins de santé et des abris.
    3. Promouvoir l’accès humanitaire par des pressions diplomatiques afin d’assurer la livraison de biens et de services humanitaires nécessaires pour alléger les souffrances des civils soudanais, en particulier des femmes et des jeunes filles.
    4. Considérer une approche « nexus » qui tienne compte à la fois des besoins immédiats et anticipés de la population soudanaise, en veillant à ce que les réponses actuelles soient alignées sur les ramifications à long terme de cette crise et sur les exigences en matière de développement, de réhabilitation, de maintien de la paix et de réconciliation.
    5. Accroître l’importance accordée à la protection de l’enfance en consacrant des ressources à des programmes visant à prévenir les violations des droits de l’enfant. Les efforts devraient inclure une approche de transformation du genre, garantissant la protection des filles qui sont confrontées à des risques accrus de violences sexuelles et basées sur le genre, d’enlèvements et de mariages forcés.

Nous vous remercions, madame la ministre Joly et monsieur le ministre Hussen, pour l’attention urgente que vous porterez à ces recommandations. Nous restons à votre disposition pour toute autre discussion avec vous et vos ministères respectifs.

 

Sincèrement,

Kate Higgins, directrice générale, Coopération Canada

Usama Khan,directeur général, Islamic Relief Canada

Lindsay Glassco, directrice générale, Plan International Canada

Guy Smagghe, directeur, Presbyterian World Service & Development

Andy Harrington, directeur exécutif, Canadian Foodgrains Bank

Carl Hétu, directeur général, Développement et paix – Caritas Canada

Mahmuda Khan, directrice générale mondiale, Human Concern International 

Michael Messenger, président et directeur général, Vision mondiale Canada

Onome Ako, directrice générale, Action Against Hunger Canada

Taryn Russell, directrice exécutive par intérim, Results Canada 

Richard Morgan, directeur exécutif, Coalition humanitaire

Danny Glenwright, président et directeur général, Save the Children Canada

Rano Mansurova, représentante de pays, Acted Canada 

Lisa Breton-Kletke, directrice exécutive par intérim, Canadian Lutheran World Relief

Anne Delorme, directrice générale, Humanité & Inclusion Canada

Lauren Ravon, directrice exécutive, Oxfam Canada

Jess Tomlin, directrice générale, Equality Fund