Coopération Canada a participé au Sommet du G7 2024 en Italie. Cet événement crucial a permis à Coopération Canada et à l’ensemble du secteur de se préparer à mieux assumer le leadership du Civil 7 en 2025, qui coïncidera avec la présidence canadienne du G7. Paul Farran, directeur des politiques et du plaidoyer, et l’équipe des politiques de Coopération Canada, partagent leurs réflexions sur les résultats du Sommet du G7 de 2024.
Sur le leadership du Canada au sein du G7 en 2025
Alors que le Canada prend la tête du G7 à l’occasion de son 50e anniversaire, nous devons montrer l’exemple en relevant les défis cruciaux auxquels le monde est confronté. Qu’il s’agisse de la lutte urgente contre les changements climatiques, de la nécessité d’investissements durables en Afrique ou de la poursuite sans relâche de l’égalité entre les hommes et les femmes, la présidence canadienne doit incarner un leadership progressiste et ambitieux. C’est le moment pour le Canada d’établir un programme audacieux, en démontrant que nous ne faisons pas simplement partie du G7, mais que nous sommes une force directrice pour le progrès et l’équité au niveau mondial.
Coopération Canada prendra la tête du Groupe civil 7 (C7) en 2025. Nous prévoyons un engagement continu et inclusif au sein du G7 cette année et l’année prochaine avec le gouvernement du Canada. Apprenez-en plus sur la participation de Coopération Canada au Sommet du 7 civil de 2024 en Italie.
La position du Canada en tant qu’acteur mondial de la coopération internationale
Alors que des feux brûlent dans toutes les régions du monde, le Canada doit renforcer son rôle d’acteur mondial en faveur d’une plus grande coopération internationale. Cette année, les dirigeant-e-s du G7 ont profité de l’occasion pour affirmer que les démocraties peuvent tenir leurs promesses, en s’appuyant sur les accords conclus sur l’Ukraine et l’Afrique. La plupart des Canadiennes et des Canadiens s’attendent à ce que le Canada joue un rôle important en tant que rassembleur et leader dans la promotion de la solidarité mondiale. Par rapport à ses pairs, le Canada est en queue de peloton pour ce qui est de l’aide au développement qu’il fournit. Cette situation doit être corrigée. La société civile canadienne est prête à poursuivre et à renforcer son engagement auprès du gouvernement canadien pour promouvoir des politiques qui s’appuient sur les initiatives passées et établissent un programme audacieux pour l’avenir.
Le 50e G7 au Canada en 2025 est un moment fort pour le Canada de susciter des investissements importants et d’attirer l’attention sur la création d’un monde plus juste, plus sûr et plus durable, en remplissant ses obligations en matière de changement climatique au niveau mondial et en continuant à jouer un rôle de chef de file en mettant l’accent sur l’autonomisation des femmes.
Sur la pertinence du G7 et de l’engagement ouvert
Il y a 40 ans, le G7 représentait 50 % de l’économie mondiale. Il n’en représente plus que 30 % aujourd’hui. L’évolution de l’influence mondiale du G7 doit s’accompagner d’une modification de son mode de fonctionnement. Les Italien-ne-s ont créé un précédent en invitant un certain nombre de puissances régionales et d’autres partenaires au Sommet. Le Canada a l’occasion de s’inspirer de cette approche et d’impliquer davantage la société civile dans la définition d’une vision compatible non seulement avec la croissance économique, mais surtout avec la justice sociale et la solidarité mondiale.
Sur l’accent mis sur l’Afrique lors du G7 italien
Le partenariat avec l’Afrique n’est pas de la charité, c’est une obligation de réparer des décennies d’injustice économique mondiale et de pratiques coloniales et prédatrices persistantes. Il est également clair que le Canada a besoin de l’Afrique plus que l’Afrique n’a besoin du Canada. Les pays du G7 et d’autres pays du monde entier nouent des relations étroites avec le continent africain, notamment dans le cadre du plan italien Mattei et du plan PIGG parrainé par les États-Unis. Le Canada risque de se laisser distancer sans une vision claire et mutuellement bénéfique. Malheureusement, les voix africaines ont été limitées dans l’engagement de ces discussions qui ont un impact direct sur leur continent pendant le G7. La société civile canadienne s’attend à un engagement plus délibéré avec les dirigeants africains et la société civile pour faire avancer cette vision.
Le Canada a également fait des annonces intéressantes, notamment par le biais de son institution de financement du développement – FINDEV. En allant de l’avant, le Canada a clairement intérêt à proposer une vision cohérente de ses relations avec le continent, sans laquelle il risque de se laisser distancer. Cette vision doit attirer l’attention sur les structures mondiales qui freinent le développement durable et qui sont nécessaires pour transférer le pouvoir aux Africain-ne-s dans la conduite de leur développement. La société civile s’attend également à ce que le Canada poursuive ses efforts en vue de réaliser son ambition d’engager 50 % de son aide au développement en Afrique subsaharienne.
Sur Israël et la Palestine
Au cours des huit derniers mois, nous avons vu le gouvernement du Canada démontrer sa capacité à prendre des mesures positives efficaces à plusieurs reprises, notamment en votant en faveur d’un cessez-le-feu le 6 décembre à l’Assemblée générale des Nations Unies et en adoptant le 18 mars une motion visant à mettre fin aux transferts d’armes vers Israël. Aujourd’hui encore, alors que le Parlement se lève pour l’été, le moment est venu pour le Canada de prendre d’autres mesures décisives qui correspondent aux déclarations de soutien au droit international.
La société civile canadienne attend du Canada qu’il fasse pression sur toutes les parties pour qu’elles acceptent et mettent immédiatement en œuvre la résolution de cessez-le-feu adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies le 10 juin, libérant tous les otages et garantissant qu’il n’y aura pas de nouvelle occupation ou de modification territoriale de Gaza. Il attend en outre l’arrêt de tous les transferts d’armes vers Israël ainsi que des mesures diplomatiques énergiques pour faire pression sur Israël afin qu’il respecte l’arrêt de la Cour internationale de justice et mette fin à l’obstruction de l’aide humanitaire.
À l’issue de la réunion du G7 qui s’est tenue la semaine dernière, le Canada et les dirigeants du G7 ont « déploré toutes les pertes de vies civiles sur un pied d’égalité et noté avec une grande inquiétude le nombre inacceptable de victimes civiles, en particulier des femmes et des enfants ». Ces mots n’ont aucun sens si des mesures concrètes ne sont pas prises pour garantir le respect constant de la vie humaine et du droit international par toutes les parties.
Sur l’IA
Les institutions du monde entier ont du mal à suivre le rythme des avancées technologiques. La plupart des pays et des organisations réagissent plutôt que de planifier de manière proactive les changements induits par les avancées technologiques et l’IA.
Compte tenu de l’impact potentiel de l’IA sur tous les aspects de la vie humaine, et peut-être encore plus sur les populations vulnérables et désemparées, il est essentiel que les gouvernements, par l’intermédiaire des institutions multilatérales, conviennent d’urgence d’un cadre et de systèmes qui encadrent le développement et l’utilisation de l’IA. Ce faisant, la société civile, au Canada et dans le monde entier, doit avoir un siège à la table, une voix authentique et plurielle.
Le G7, avec le pouvoir qu’il détient sur le plan économique, ainsi que dans son contrôle de la technologie, a la responsabilité unique d’œuvrer pour un engagement immédiat, coordonné, multilatéral et multipartite sur l’encadrement du développement et de l’utilisation de l’IA d’une manière centrée sur l’être humain. La société civile doit être impliquée dans les processus de prise de décision afin d’éviter les abus et de promouvoir la transparence et la responsabilité dans la mise en œuvre de ces technologies.
La fracture numérique a exacerbé les inégalités dans le monde. Par exemple, les personnes âgées sont moins connectées que les jeunes, les femmes ont moins accès à l’internet que les hommes, et l’accès à l’internet est nettement plus faible dans les pays à faible revenu. Au sein des pays développés, des disparités importantes existent, comme le fait que seuls 24 % des ménages des communautés autochtones du Canada disposent d’un accès à l’internet à haut débit de qualité, contre 94 % pour l’ensemble de la population. Des mesures concrètes sont nécessaires pour remédier à ces inégalités.
Sur les changements climatiques
Il est urgent que les pays du G7, qui font partie de ceux qui ont été historiquement et continuent d’être les plus grands pollueurs, prennent des mesures sérieuses pour abandonner les combustibles fossiles, comme l’a décidé la communauté internationale à Dubaï en 2023. Cela ne peut pas attendre que le Canada prenne la tête du G7 en 2025. La Civil 7 et la société civile canadienne exhortent en outre les pays du G7 et les autres grands pollueurs à mettre en place des mécanismes de financement de la lutte contre les changements climatiques afin de soutenir les populations vulnérables qui subissent de plein fouet le développement incontrôlé des pays à revenu élevé.
Sur l’avortement
Les droits des femmes sont actuellement attaqués dans de trop nombreux pays. Nous avons besoin que les acteurs démocratiques, en particulier le Groupe des Sept, défendent les droits de la personne, y compris la santé sexuelle et les droits génésiques. Ces droits fondamentaux doivent inclure un accès sûr et légal à l’avortement.
Nous sommes déconcertés par le fait qu’en ce moment, le G7 ne s’oppose pas clairement et fermement au mouvement anti-droit en veillant à ce que les femmes conservent la maîtrise de leur propre corps.