Par son programme femmes de courage : femmes, paix et sécurité, KAIROS travaille en étroite collaboration avec des partenaires pour en apprendre davantage sur l’impact de la covid-19 sur leurs activités et sur leurs moyens de réagir aux difficultés. En tant qu’instigateurs de la paix dans les conflits prolongés, ces partenaires connaissent bien les crises et, partant, ont façonné des approches résilientes, créatives et courageuses qui servent d’exemples à tous.

En plus de devoir composer avec les mesures et problèmes de santé publique, les partenaires affrontent une « pandémie fantôme » qui désigne l’augmentation substantielle de la violence conjugale ou sexospécifique qui résulte de la pandémie et du confinement. La pandémie a cet effet partout dans le monde, y compris au Canada où l’augmentation du taux de violence conjugale et sexospécifique est estimée à entre 20 et 30 p. 100 dans certaines régions. Toutefois, les pays qui ont répondu à la crise par des moyens militaires ou qui ont adopté un style de gouvernance autocrate et répressif n’ont fait qu’exacerber la violence et la nécessité d’obtenir du soutien psychosocial et juridique pour les femmes de toutes les parties du monde.

En dépit des difficultés posées par la distanciation physique, les partenaires de KAIROS ont répondu à la crise pour appuyer les femmes victimes de violence dans leurs communautés. En Colombie, l’Organisation féminine populaire a mis à profit les médias sociaux pour former des groupes de soutien des femmes en ligne. Cet organisme offre des services psychosociaux en ligne et au téléphone et fournit un soutien indispensable aux femmes victimes de violence conjugale ou sexospécifique. En Cisjordanie, le centre palestinien Wi’am de transformation et de médiation intervient par des mesures de médiation et de transformation en situation de conflit associé à la violence sexospécifique. Ce centre planifie d’embaucher deux psychologues et a mis sur pied une ligne d’écoute accessible en tout temps pour venir au secours des femmes ou d’autres personnes victimes de violence sexospécifique.

Les partenaires de KAIROS ont aussi adapté les ateliers et les formations destinés aux femmes leaders pour qu’elles assurent la lutte à la covid-19 dans leurs collectivités. Ces formations offrent notamment des outils et des ressources pour contrer l’impact psychosocial de la pandémie et l’augmentation de la violence sexospécifique.

La violence conjugale ou sexospécifique était fort répandue bien avant la pandémie de covid-19. Cependant, les mesures de protection mises en place autour du monde pour limiter la propagation du virus de la covid-19 augmentent le risque pour les femmes. Les partenaires de KAIROS ont été aux premières lignes de la riposte dans leurs communautés. Ils se sont assurés que, malgré l’application de mesures de santé publique, les personnes les plus à risque bénéficient du soutien nécessaire pour se protéger et protéger leurs proches de la pandémie fantôme.

Les Héritiers de la Justice en République démocratique du Congo continuent à produire et diffuser l’émission radiophonique locale Tuitete Haki, qui signifie «droits » en swahili. Elle agit comme pivot dans la communication des directives de la santé publique sur la covid-19 et conscientise la population au sujet de la violence sexospécifique. La tribune radiophonique du Conseil ecclésiastique du Soudan du Sud aborde la covid-19, la justice et les genres, la guérison des traumatismes et la paix.

Bien que la covid-19 transforme le monde radicalement, nous ne pouvons perdre de vue les personnes les plus vulnérables de la planète. Les femmes qui aspirent à consolider la paix sont des figures prépondérantes de la riposte féministe. Elles réagissent face à l’impact disproportionné de la crise mondiale sur les populations féminines et font émerger cette pandémie de violence. Nous devons nous en inspirer. Les relations et réseaux solides qu’elles ont formés avec des leaders et des groupes féministes, ainsi que leur expérience du soutien psychosocial et de la guérison des traumatismes, leur permettent d’atteindre les femmes marginalisées et d’assurer que leur point de vue et leurs revendications sont entendus, même en pleine pandémie de covid-19.

Ces femmes nous donnent l’espoir que, lorsque le monde émergera de la crise, il reposera sur des valeurs de bien-être, de santé, de sécurité et de paix pour tous.

Pour en savoir plus au sujet de la réponse des partenaires de Kairos, consultez leur blogue (en anglais) ici.

Sur la photo : Le Conseil ecclésiastique du Soudan du Sud rencontre des femmes et des jeunes pour sensibiliser le public à la violence sexospécifique, à la violence domestique et aux grossesses chez les adolescentes pendant le verrouillage de COVID-19.