Dans cette édition de Nos membres en action, nous avons rencontré Gerardo Almaguer qui a été tout récemment nommé président et directeur général de Développement international Desjardins (DID).

Almaguer nous a parlé de ses plans alors qu’il entame son nouveau rôle, ainsi que la place de l’innovation et du secteur privé dans le développement international.

CCCI : Sur quoi avez-vous le plus hâte de travailler dans votre nouveau rôle de Président-directeur général de Développement international Desjardins ?

Gerardo Almaguer (GA) : DID s’est donné une planification stratégique plutôt ambitieuse d’ici à 2021 : de beaux défis en perspective pour le nouveau pdg que je suis!

Parmi les ambitions qui m’interpellent tout particulièrement, il y a celle d’accroître nos capacités et notre engagement en matière d’investissement. DID est activement engagé dans ce domaine depuis plus de 20 ans déjà, et nous souhaitons maintenant aller encore plus loin pour renforcer notre impact et mieux contribuer à l’atteinte des Objectifs de développement durable. Notre expérience nous démontre d’ailleurs que nos activités d’investissement constituent à la fois un levier de gouvernance, un levier financier et un levier de gestion des risques des plus pertinents pour le secteur de la finance inclusive.

Je trouve aussi très stimulante notre ambition d’être reconnu comme un leader dans le renforcement des capacités des entrepreneurs agricoles et commerciaux ainsi que de l’écosystème dans lequel ils évoluent. J’ai moi-même dirigé le Centre financier aux entrepreneurs mis en place par DID au Panama ainsi que le projet PASAC (Projet d’appui au système financier agricole de Colombie) que nous réalisons en Colombie, dont l’un des objectifs est de soutenir le développement des entreprises agricoles. Par ce genre d’initiative, nous avons un impact concret et direct sur le renforcement du pouvoir économique des communautés défavorisées, et des femmes tout particulièrement.

Enfin, le renforcement et la formalisation de notre culture d’innovation figure au cœur de nos ambitions stratégiques – comment ne pas être motivé par une telle ambition!

CCCI : Justement, quel est le rôle de l’innovation dans votre travail? Et avez-vous un exemple concret d’un projet qui a démontré des impacts positifs à la suite d’une nouvelle façon de travailler?

GA : L’innovation est partout, que ce soit dans nos processus internes ou dans les moyens que nous déployons pour contribuer à l’inclusion financière et à la réduction de la pauvreté dans nos pays d’intervention. C’est un moteur de développement que nous devons apprendre à mieux canaliser de manière à en retirer tous les bénéfices possibles.

En avril dernier, DID concluait un projet dont l’objectif était de démontrer qu’en améliorant l’accès au financement, on facilite le déploiement d’innovations et on en accélère l’appropriation par les producteurs agricoles.  Nous avons réalisé ce projet avec l’appui du Centre de recherches pour le développement international (CRDI) et en collaboration avec l’Institut de l’environnement et des recherches agricoles (INERA), le Réseau des Caisses Populaires du Burkina (RCPB) et l’Université Laval.

Après 3 ans d’activités, la démonstration était faite! En permettant l’établissement d’un dialogue entre les différents acteurs du secteur agricole (agriculteurs, fournisseurs d’intrants, institutions financières et centres de recherche), cette initiative a entraîné des résultats concrets et positifs :

 

  • les agriculteurs ont adopté des pratiques innovantes, plus productives et respectueuses de l’environnement,
  • les superficies ensemencées se sont accrues, et
  • les familles touchées ont vu se bonifier leurs conditions de vie et leur sécurité alimentaire.

CCCI : Selon vous, quel est le rôle du secteur privé dans la réalisation des objectifs de développement ?

GA : Plusieurs analyses démontrent que sans l’apport du secteur privé, le secteur public seul ne pourra pas atteindre les Objectifs de développement durable adoptés par les Nations Unies. Il faut donc trouver de nouvelles façons de maximiser notre contribution à l’atteinte de ces objectifs, tant en ce qui touche l’assistance technique que le financement du développement.

C’est une considération qui interpelle directement DID, et à laquelle nous comptons entre autres répondre par un engagement accru en investissement. Dans cette perspective, nous avons pris la décision stratégique de confirmer l’élargissement de notre statut d’agence d’exécution à celui d’investisseur de développement par la mise en place et la capitalisation d’un nouveau fonds d’investissement qui visera à soutenir l’innovation chez nos partenaires.

CCCI : Développement international Desjardins (DID) est un membre apprécié du CCCI. Pourriez-vous nous dire ce que votre adhésion au CCCI a signifié pour DID et comment vous aimeriez voir cette relation croître et s’améliorer à l’avenir ?

GA : Nous voyons de nombreux avantages à notre adhésion au CCCI! Celle-ci nous a permis de nous rapprocher d’ONG qui partagent les mêmes préoccupations que nous et auprès desquelles nous voyons d’intéressantes pistes de collaboration. Le CCCI est également une source précieuse d’information et d’analyses, en plus d’être un porte-parole efficace auprès des bailleurs de fonds et autres parties prenantes associées au secteur de l’aide internationale.

J’espère qu’en retour, DID contribuera à enrichir le bagage et les discussions du CCCI par son expérience et ses plus récentes innovations.