Le Forum des fédérations est une organisation de la société civile relativement jeune (fondé en 1999). Pouvez-vous expliquer brièvement ce qui rend le Forum des fédérations unique et la raison pour laquelle votre travail est nécessaire dans le monde d’aujourd’hui ?

L’un des défis fondamentaux de la gouvernance démocratique, à notre époque, est de pousser les différents paliers de gouvernement à travailler de manière efficace, inclusive et dans l’intérêt de la population. Le Forum des fédérations met l’accent sur ce défi.

Le Forum est unique parce que c’est la seule organisation dans le monde entier qui se concentre sur le fédéralisme et la décentralisation. Le Forum aujourd’hui est soutenu par 10 pays membres et peut s’appuyer sur ces réseaux pour organiser la comparaison des expériences sur la gouvernance multiniveau pour aider les décideurs politiques dans les pays partenaires à améliorer leurs systèmes de gouvernement. Le Forum adopte une approche qui n’est pas normative fondée autour de son principe de base qui vise « l’apprentissage par les pairs ».

Nous travaillons avec les pays partenaires pour les aider à établir des institutions et des processus ancrés dans leur propre développement social, économique et/ou réalité historique. Nous faisons cela en offrant des formations et des ateliers, et en fournissant des recherches et des conseils techniques aux gouvernements et à d’autres intervenants clés.

Les travaux du Forum ont été très courus au cours de la dernière décennie alors que de plus en plus de pays commencent à comprendre que la décentralisation ou la fédéralisation contribue de manière significative à une meilleure gouvernance et fournit des solutions pour une répartition plus équitable du pouvoir et des ressources. En outre, l’idée fédérale est venue à être considérée comme un élément important de la boîte à outils pour la résolution de conflits dans les pays avec beaucoup de diversité.

Le Forum adopte une approche pratique, orientée vers la résolution de problèmes pour l’atteinte des résultats. Il appuie les gouvernements et les citoyens partout dans le monde — par la formation, l’offre d’expertise et une éducation pratique et impartiale. Pourriez-vous décrire brièvement une histoire de réussite découlant de votre travail ?

Un récent succès obtenu est l’adoption de la constitution fédérale du Népal.  Le Forum a décidé de s’engager dans le processus de transition démocratique du Népal en 2007. Entre 2007 et 2015, nous avons mis en œuvre un programme d’éducation du public et de conseils techniques pour répondre aux besoins exprimés par la société civile et le gouvernement népalais. Notre programme d’éducation du public a cherché à démystifier le fédéralisme et à fournir un vocabulaire commun pour au public et au gouvernement afin que le peuple népalais puisse avoir un débat informé et sérieux sur les avantages et les inconvénients de la fédéralisation. Aux prises avec l’élaboration de réformes complexes, l’Assemblée constituante et le gouvernement ont sollicité l’expertise du Forum pour mieux comprendre le processus de fédéralisation dans d’autres pays. Le partage par le Forum de l’expérience des autres a alimenté les choix institutionnels effectués par l’Assemblée, mais la constitution fédérale promulguée en 2015 est un document spécifiquement népalais, enraciné dans les réalités du pays. Que l’appui du Forum ait alimenté leurs choix est reconnu par les intervenants clés, tout comme le fait que le Forum ne s’est positionné ni en faveur d’un gouvernement fédéral au Népal ni en faveur d’un modèle institutionnel particulier (p. ex. modèle canadien, suisse, etc.).

 

Le Forum des fédérations travaille dans plusieurs pays et régions, avec des programmes qui incluent des programmes mondiaux, du travail de recherche et sur les politiques, de l’aide au développement, des programmes fondés sur le genre et aussi un projet Mena. Si vous pouviez vous réveiller demain avec du temps, du personnel et des ressources financières en quantité illimitée, quel serait le projet ou le programme de vos rêves ?

Le Forum travaille généralement dans environ 20 pays chaque année. Il y a en a au moins une douzaine d’autres qui pourraient bénéficier de ce que le Forum a à offrir. Permettez-moi de commencer en disant que contrairement à un certain nombre d’autres types d’interventions visant le développement, les réformes politiques et en matière de gouvernance prennent beaucoup de temps à se réaliser. Il a fallu près de 700 ans après la Grande Charte pour que les femmes obtiennent le droit de vote au Royaume-Uni ! Il suffit de regarder combien de temps il nous a fallu, au Canada, pour traiter de marginalisation régionale, linguistique et raciale. Heureusement, le monde entier avance désormais à un rythme plus rapide — le Népal a mis presque neuf ans pour promulguer une constitution fédérale et le processus de mise en œuvre est toujours en cours.Il n’est pas réaliste de penser que les pays au début de leur processus de démocratisation arriveront à mettre en place des institutions réactives basées sur l’état de droit du jour au lendemain. Les réformes institutionnelles et politiques ne progressent pas de façon linéaire. En effet, il peut y avoir des reculs en cours de route. Le défi est de toujours de rester engagé parce que certaines des questions fondamentales visées par les réformes ne disparaissent jamais.

Dans l’ensemble, notre rêve serait d’être actifs dans plus de pays avec un horizon de programmation plus long que ce qui est actuellement autorisé.

Le Forum des fédérations est membre du CCCI depuis quelques années. Pouvez-vous expliquer pourquoi il est important pour le Forum d’être membre de la coalition canadienne qui vise à mettre fin à la pauvreté ?
Le CCCI offre une plateforme importante pour que les organismes canadiens travaillant dans le secteur du développement puissent collaborer et apprendre des expériences des autres. Nous essayons tous d’aborder le même problème sous différents angles. L’approche du Forum est étroitement alignée avec l’ODD 16 qui met l’accent sur la paix, la justice et la mise en place d’institutions solides, et nous espérons que notre expérience et notre voix viendront compléter l’excellent travail que font les autres groupes aussi.