Les violences basées sur le genre (VBG) figurent parmi les violations des droits humains les plus répandues à l’échelle mondiale, enracinées dans les inégalités de genre, les déséquilibres de pouvoir et les normes sociétales nuisibles. Les Nations Unies définissent les VBG comme « tout acte de violence fondé sur le genre qui entraîne, ou risque d’entraîner, des préjudices ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques pour les femmes, y compris les menaces de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, qu’elle soit publique ou privée ».
Cette violence affecte de manière disproportionnée les femmes, les filles et les communautés marginalisées, avec des répercussions bien au-delà de l’individu. Les VBG brisent les dynamiques familiales, déstabilisent les communautés et affaiblissent la cohésion sociétale, posant un obstacle majeur à la réalisation de l’égalité des genres. Au Canada, en moyenne, 102 femmes et filles sont victimes d’homicides liés au genre chaque année. Les femmes autochtones, quant à elles, subissent des taux de violence plus élevés et sont 12 fois plus susceptibles d’être assassinées ou portées disparues que les autres femmes. L’ampleur mondiale et la prévalence des violences basées sur le genre rendent leur élimination impérative non seulement pour les droits humains mais aussi pour la construction de sociétés justes et équitables.
Les 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre, observés chaque année du 25 novembre au 10 décembre, constituent un appel à sensibilisation et à responsabilisation face à ces injustices omniprésentes. Au Canada, le 6 décembre marque la Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes, une date qui rappelle la tragédie de la fusillade de l’École Polytechnique en 1989, où 14 femmes ont été assassinées en raison de leur genre. Alors que cette campagne s’achève, l’urgence de transformer l’activisme en solutions concrètes devient cruciale, surtout face aux nouvelles données mettant en lumière les obstacles auxquels les survivantes sont confrontées dans leur quête de justice.
Une récente série d’études de l’International Justice Mission (IJM), intitulée « À leur place : Le long chemin vers la justice pour les victimes de violence en Amérique latine », offre des perspectives précieuses. IJM a mené des recherches au Salvador, au Guatemala et en Bolivie, révélant des taux élevés de VBG mais des taux de signalement alarmants. Au Salvador, 40 % des femmes et 28 % des adolescentes ont subi des violences, tandis qu’au Guatemala, ces chiffres s’élèvent respectivement à 37 % et 28 %. En Bolivie, bien que plus de 90 % des femmes et des adolescentes déclarent être prêtes à signaler les violences, seulement 16,89 % des femmes et 4,53 % des adolescentes ont déposé plainte.
Pourquoi cet écart est-il si marqué ? Des obstacles tels que la peur, la honte et le manque de confiance dans le système judiciaire empêchent les victimes de se manifester. Même celles qui signalent font face à des défis significatifs. En Bolivie, malgré 81,14 % des femmes et 92,75 % des adolescentes n’ayant pas déposé plainte, plus de la moitié des femmes qui l’ont fait ont rencontré des retards dans les procédures légales, et seulement 10 % des victimes ont reçu une quelconque forme de soutien. Ces défaillances laissent les survivantes sans justice ni assistance, perpétuant ainsi des cycles de violence et d’impunité.
Les données agrégées, telles que celles des rapports de l’IJM, sont essentielles pour comprendre l’ampleur et la nature des VBG. Ces informations fournissent des perspectives clés sur les lieux et les moyens d’intervention les plus nécessaires, permettant aux décideur-euse-s politiques et aux organisations de concevoir des réponses adaptées aux défis uniques auxquels sont confrontées les victimes dans différentes régions. Sans ces données, les solutions risquent de rester déconnectées des réalités locales, laissant les obstacles systémiques intacts et les victimes sans soutien. En construisant une vision plus claire des lacunes dans les systèmes de signalement, de justice et de services aux victimes, les approches fondées sur les données peuvent conduire à des solutions plus efficaces, ciblées et durables.
Les rapports plaident pour des réformes urgentes, notamment l’élaboration de protocoles clairs de signalement, des processus juridiques rapides et l’amélioration des services de soutien aux victimes, tels que des soins tenant compte des traumatismes. S’attaquer à ces obstacles nécessite des changements systémiques pour rétablir la confiance, garantir la responsabilisation et créer un système de justice qui fonctionne pour les victimes.
Comme nous le rappellent les 16 jours d’activisme, la lutte contre les VBG exige une attention et une action soutenues. Les perspectives des rapports de l’IJM soulignent les lacunes que nous devons combler pour garantir justice et sécurité à tous et à toutes.
IJM Canada est membre de Coopération Canada et fait partie d’une organisation mondiale dédiée à la lutte contre les violences et l’esclavage en soutenant les victimes et en renforçant les systèmes judiciaires. Découvrez l’organisation et accédez aux rapports ici.
Édité par Lorianne Dueck Rebello et Paul Farran.