Shannon Kindornay, Directrice, recherche, politique et pratique du Conseil canadien pour la coopération internationale, et Laurel Wayne-Nixon, Chercheure Principale en politique ODD pour le British Columbia Council for International Cooperation
De mars à mai 2019, le British Columbia Council for International Cooperation et le Conseil canadien pour la coopération internationale ont collaboré à la préparation d’une série de notes d’information sur les bonnes pratiques de la mise en œuvre du Programme 2030 dans le but d’étayer la stratégie nationale du Canada. À la lumière de ces travaux et d’une plus grande participation à la consultation sur la mise en œuvre de cette stratégie, nous nous attendons à ce que quatre éléments clés surgissent du projet de Stratégie nationale du Programme 2030 au Canada, dont le lancement est prévu avant l’été prochain.
1) Orientation sur tous les aspects de la mise en œuvre du Programme 2030
Étant donné qu’il ne reste que 11 ans à l’ordre du jour, la stratégie nationale devra définir tous les aspects de la mise en œuvre, en mettant particulièrement l’accent sur les mesures que le gouvernement prendra pour accélérer son action et la manière dont il agira. Cela signifie que la stratégie devra aller au-delà de la description des priorités du développement durable et inclure des campagnes pour sensibiliser de manière continue, mobiliser les acteurs non étatiques et les diverses communautés, favoriser les partenariats, renforcer les capacités de mise en œuvre, coordonner tous les ordres de gouvernement et dans tous les secteurs, localiser la mise en œuvre mais aussi suivre et évaluer les progrès accomplis. Nous nous attendons à ce que le plan précise qui est responsable de quoi, comment la mise en œuvre se déroulera à travers les processus existants et nouveaux et les étapes clés. C’est dans ce contexte que nous explorerons comment le gouvernement du Canada compte rendre l’approche pansociétale de la mise en œuvre plus significative, en particulier pour les collectivités qui risquent d’être laissées de côté.
2) Un plan pour ne laisser personne de côté
Dans son rapport de 2018 aux Nations Unies sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre du Programme 2030, le Canada a mis l’accent sur les efforts visant à ne laisser personne de côté. Le Programme 2030 ne vise pas à changer les moyennes. Son succès repose sur le progrès pour tous, partout dans le monde, et les gouvernements seront jugés sur leur capacité à cibler les plus en retard en premier. Nous prévoyons que la stratégie nationale souligne ceux qui sont laissés de côté au Canada comme à l’étranger, et qu’elle s’accompagne d’une feuille de route claire sur la façon dont le Canada s’impliquera et encouragera l’autonomisation et le leadership des personnes identifiées.
3) Un plan national pour un leadership mondial
Nous nous attendons à ce que la Stratégie nationale canadienne du Programme 2030 décrive comment le Canada réalisera des progrès en matière de développement durable au Canada et à l’étranger. L’universalité du Programme 2030 exige que des mesures soient prises pour relever les défis du développement durable au Canada et dans le monde, tels que le changement climatique, la stabilité financière et les pandémies qui transcendent les frontières. À l’échelle mondiale, ne laisser personne de côté c’est se concentrer sur ceux qui accusent le plus grand retard à travers les efforts déployés par le Canada pour appuyer le développement durable dans d’autres pays. Dans le but de soutenir le leadership mondial du Canada, nous nous attendons à ce que la Stratégie nationale canadienne du Programme 2030 élabore un programme ambitieux pour la mise en œuvre du Programme 2030 au Canada, et cela en rapport avec les engagements mondiaux du Canada, fondés sur des preuves, des priorités locales et des approches pansociétales efficaces visant à ne laisser personne de côté.
4) Un système de reddition des comptes solide
La consultation portait notamment sur le Cadre d’indicateurs canadien pour suivre les progrès réalisés par le Programme 2030 ainsi que sur la transparence et la reddition de comptes. Nous nous attendons à ce que la stratégie nationale comprenne un engagement de transparence à rendre compte des progrès réalisés au Canada et dans le monde. Au Canada, le portail de données sur les ODD est déjà une bonne pratique pour ce qui est de fournir aux Canadiens les données les plus récentes sur la mise en œuvre des ODD. Il est dorénavant nécessaire d’avoir un calendrier pour la diffusion de rapports plus complets aux niveaux national et mondial. Nous nous attendons également à ce que des dispositions soient prises pour revoir la stratégie nationale elle-même, qui pourrait par exemple avoir lieu en 2025 et 2030, et qui mettrait l’accent sur les leçons apprises, les facteurs de réussite, la correction de cap et les efforts futurs. Enfin, la Stratégie nationale du Canada pour le Programme 2030 devrait préciser comment les représentants élus, les personnes vivant au Canada et les organismes indépendants, tels que les conseils des droits de la personne, participeront à la mise en œuvre du Programme 2030 afin d’assurer la reddition de comptes globale.
La Stratégie nationale du Canada pour le Programme 2030 offre un important potentiel pour aider à l’avancement du développement durable au Canada et à jeter les bases d’une société plus inclusive, prospère, respectueuse de l’environnement et collaborative. Comme bien d’autres, nous sommes prêts à contribuer à l’approche pansociétale canadienne pour que personne ne soit laissé de côté.
Le présent article d’opinion s’inscrit dans le cadre de la série sur les bonnes pratiques pour la mise en œuvre du Programme 2030 produite par le British Columbia Council for International Cooperation et le Conseil canadien pour la coopération internationale et financée en partie par par le Programme des objectifs de développement durable du gouvernement du Canada. Les opinions et interprétations contenues dans cette publication sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement celles du gouvernement du Canada.