En partenariat avec l’ensemble du secteur, Coopération Canada s’est jointe aux 495 personnes et groupes qui ont demandé des ressources et du soutien dans le cadre des consultations prébudgétaires du Comité permanent des finances de la Chambre des communes en 2021. Notre soumission demandait un investissement de 1,5 milliard de dollars de fonds nouveaux et additionnels à l’enveloppe de l’aide internationale (EAI) afin d’atteindre 9 milliards de dollars dans le budget 2022-23. Nous avons fait une soumission de suivi en février 2022.

Face aux besoins mondiaux croissants et aux engagements actuels du Canada pour atteindre les Objectifs de Développement Durable des Nations Unies, il s’agit d’une demande modeste. Les conflits, les inondations, les sécheresses, les vagues de chaleur, les maladies et la famine continuent de faire des ravages dans la vie de millions de personnes. Malgré cela, dans le troisième rapport du Comité permanent des finances, publié récemment, la seule référence à l’aide internationale se trouve dans sa 54e recommandation, qui mentionne l’engagement du Canada envers le développement international dans le contexte de l’éducation, « pour favoriser la formation professionnelle et la recherche appliquée en vue d’appuyer la transition vers un monde carboneutre ». Coopération Canada est perplexe devant cette perspective limitée du développement international et croyance naïve qu’un monde carboneutre serait possible et compatible avec un monde marqué par l’iniquité et les crises.

Nous soutenons les récentes annonces du Canada, notamment les promesses d’aide humanitaire en Ukraine, au Yémen et en Afghanistan et les annonces de financement pour lutter contre l’épidémie mondiale de tuberculose, etc. Ce ne sont là que quelques-unes des nombreuses crises humanitaires et de développement mondial qui nécessitent notre aide soutenue et prévisible. Ces crises sont également de vivides rappels de notre vulnérabilité collective et de l’interdépendance de notre monde.

Le rapport comprend aussi plusieurs recommandations pour faire face à l’urgence des changements climatiques, notamment la Recommendation 142 sur la publication d’une feuille de route pour éliminer les subventions inefficaces aux combustibles fossiles d’ici 2025 afin de respecter les engagements du Canada envers le G20 et le G7. Le Canada devrait -il choisir arbitrairement les engagements à respecter?

Le Canada a brillamment failli à ses engagements, notamment la norme de 1970 consistant à consacrer l’équivalent de 0,7 % du produit national brut (PNB) à l’aide publique au développement, norme proposée par notre ancien Premier Ministre Lester Pearson. De plus, la lettre de mandat du ministre du Développement international inclut un engagement à augmenter annuellement cette aide au développement conformément à l’Agenda 2030 pour le développement durable. Le troisième rapport du Comité permanent des finances ne fait pourtant aucune mention de l’aide officielle au développement. Ceci est déplorable parce que nous savons qu’il y a beaucoup d’autres freins à la stabilité mondiale, des freins qui peuvent mettre en péril l’ambition du gouvernement d’obtenir “des résultats dès maintenant pour les Canadiens”.

Le Canada peut-il vraiment tenir ses promesses pour les Canadiennes et Canadiens en isolation du reste du monde?

Nous saluons les efforts politiques visant à assurer la stabilité et la prévisibilité pour faire avancer les choses et produire des résultats tangibles en matière d’inégalité sociale, de changements climatiques et de réconciliation. Mais ces efforts ne peuvent être dissociés de nos engagements et responsabilités au niveau mondial.

Ce gouvernement veut-il toujours être un champion du féminisme, des droits de la personne, de la stabilité et du redressement partagé de la pandémie, tant au niveau national qu’international? Si c’est le cas, il est temps de soutenir nos ambitions avec le financement stable, prévisible et durable qui est nécessaire pour renforcer la résilience dans le monde entier.